The Best of You – David Plunkert
L’expérience utilisateur doit être agréable, intuitive et fluide nous dit l’UX Design. Pour parvenir à ces buts, il faut réduire la charge mentale de l’utilisateur. En effet, si la charge mentale demandée est trop importante, l’utilisateur se fatiguera à comprendre un fonctionnement, ou stressera en cherchant son chemin. Voici les grandes règles liées à la charge mentale.
Qu’est-ce que la charge mentale ?
La charge mentale est une saturation du cerveau liée au stress et productive de stress à cause d’une trop grande masse d’informations de diverses natures. Elle prend donc diverses formes suivant les domaines dans lesquels elle est observée.
Définition générale de la charge mentale
La charge mentale naît d’un effort psychologique et cognitif que l’on fait dans tous les domaines de la vie quotidienne : activités professionnelles, vie familiale, organisation de loisirs, gestion du foyer, de l’administration, etc.
C’est un effort inconscient et invisible que l’on gère chaque jour et qui devient source de fatigue à partir d’une certaine charge.
Définition de la charge mentale pour l’UX Design
Pour l’expérience utilisateur, la charge mentale fonctionne de la même façon. L’utilisateur doit atteindre un but à travers l’interface numérique ou trouver ce qu’il est venu chercher sur un site. Il faut donc lui proposer dans le bon ordre les options qui vont lui permettre de trouver sa solution au moindre effort.
Attention : la charge mentale n’est pas la charge de travail !
Un petit nota bene en passant ! Les deux termes sont proches, mais ne définissent pourtant pas du tout la même chose. En UX Design, la charge de travail concerne l’ensemble des éléments du produit numérique qui jouent un rôle dans la réduction ou l’augmentation de la charge perceptive des utilisateurs et qui par là-même modifient ses interactions avec l’interface. À bien distinguer de la charge mentale.
La charge mentale et les femmes : on en parle ?
Crédit image : Emma
Voir l’excellent blog d’Emma et particulièrement son article illustré : ça se met où ?
Il est bien connu que la charge mentale pèse plus sur les femmes que sur les hommes au sein d’un couple. Lorsque les deux parents travaillent, y compris lorsque le mari partage tâches ménagères et responsabilités familiales, la charge mentale est supérieure chez la femme. Ce qui augmente le stress et génère des dépressions nerveuses. La cause provient de deux des quatre facteurs de la charge mentale :
- Anticiper les besoins
- Trouver des solutions pour y répondre
- Prendre les décisions à temps
- Suivre les progrès du processus.
Au sein d’un couple, les femmes accomplissent (souvent) l’essentiel du travail, en anticipant les besoins et en proposant les solutions. Ce travail comporte un fort potentiel émotionnel lorsqu’il concerne les enfants, ce qui est souvent le cas, et donc produit un stress important. On comprend par cet exemple que la charge mentale est une surcharge mentale et mnésique lorsqu’elle est associée aux sentiments. S’il n’y a aucune obligation de réussite ou que les objectifs restent abstraits, la charge mentale diminue.
Comment l’UX Design gère la charge mentale de l’utilisateur ?
L’UX conçoit et mesure la charge mentale de l’utilisateur à travers une batterie de tests utilisateurs basés sur des principes ou des lois de la psychologie cognitive :
- L’ergonomie cognitive ;
- La psychologie cognitive ;
- La Gestalt ;
- La loi de Hick ;
- La loi de Miller ;
- La loi de Fitts ;
- Les lois relatives à la psychologie de la forme.
Mais comme nous dit Tesler (loi de Tesler ou loi de conservation de la complexité), tout n’est pas simplifiable. Suivant la complexité obligée d’un produit numérique, il reste une complexité à prendre en charge. Donc par qui ? L’utilisateur ou le back-end. Plus un site est simple d’utilisation, plus sa conception et sa maîtrise sont complexes.
Webinar UX #3 — comment l’UX peut réduire la Charge mentale
Quelle charge mentale pour quelle interface ?
Charge mentale et charge cognitive
Le calcul de la charge mentale se détaille en charge cognitive. La charge cognitive concerne la ressource demandée à notre mémoire pour accomplir une tâche.
Par exemple, si vous partez au supermarché avec votre liste de courses, votre charge cognitive sera moindre que si vous n’en avez pas. Si vous êtes pressé, stressé par un nombre incalculable de choses à faire et que vous avez oublié votre liste. La charge cognitive influera cruellement sur votre charge mentale.
Charge intrinsèque et charge superflue
Il y a donc dans la charge cognitive, une charge intrinsèque qui correspond à l’effort réel pour accomplir la tâche et une charge superflue qui appartient à l’environnement dans laquelle cette tâche est accomplie.
Pour ces raisons, l’UX Design sert à diriger et conforter l’utilisateur en lui expliquant ce qu’il fait. Il utilise des patterns reconnaissables, des messages de confirmation, etc.
Application de la charge mentale dans le e-commerce
L’expression d’une charge mentale trop importante sur une plateforme de e-commerce se voit à travers un taux de rebond important et une profondeur réduite des visites et donc un faible taux de conversion. La charge mentale trop importante pourra être due à un choix de possibilités trop important (loi de Hick) qui épuise l’utilisateur, ou encore à un cheminement dans lequel il est incapable de trouver ce qu’il cherche et donc abandonne.
Minimiser la charge mentale dans l’interface des véhicules
Dans un tout autre domaine, pour lequel la charge mentale doit être inexistante, l’interface numérique des véhicules doit offrir toutes les informations au conducteur sans qu’il ait à les demander.
La raison en est simple, quelqu’un qui conduit ne peut pas passer son temps à taper sur un écran. La commande vocale liée à l’IA est de mieux en mieux implémentée. Le conducteur peut apercevoir des animations ou entendre des sons qui lui indiquent que tout se déroule correctement ou encore des formes d’autocomplétion qui imitent un dialogue. Pour diminuer la charge mentale du conducteur, les interfaces véhicules sont conçues suivant différents scénarios : voiture en ville, voiture arrêtée, voiture sur autoroute… qui répondent aux demandes possibles suivant les situations.
Le “bon stress” ou comment conserver le juste équilibre
Loi de Yerkes et Dodson — source Ludotic
Le “bon stress” est nécessaire à l’accomplissement d’une tâche, à sa réussite et donc à la satisfaction de l’utilisateur. La première impression qui engage un utilisateur sur un site tient à son graphisme, l’ergonomie vient ensuite. Le guidage est donc le principe d’une bonne répartition de la charge mentale pour accomplir une tâche avec une utilisabilité optimale.
Connaître ses utilisateurs à travers ses personas est aussi un moyen décisif de proposer les bonnes options au bon endroit et de réduire par la même la charge mentale des utilisateurs.
Charge mentale et gamification
Si l’ergonomie IHM est aujourd’hui définie par la norme “ISO 9241-11 : 2018”, la gamification est en revanche moins prise en compte. Elle fait pourtant partie de l’environnement des interfaces et constitue un contrepoids fondamental à la charge mentale. En effet, lorsqu’on s’amuse, on ne voit pas le temps passer, on prend du plaisir et on se détend. L’écran d’un mobinaute est aussi une partie de ses loisirs.
Une architecture de l’information parfaite ne sera pas suffisante pour tous les utilisateurs si elle n’est pas accompagnée de messages ludiques, d’animations fraîches et colorées. La gamification est possible partout, les interfaces des banques en ont pris conscience, ce qui n’enlève rien à l’impression de sécurité que leurs sites doivent offrir.
En conclusion, la charge mentale est une donnée primordiale que tout UX Designer doit garder à l’esprit lorsqu’il analyse le comportement des utilisateurs d’une interface numérique.
Bibliographie
Notre guide de référence : UX Design et ergonomie des interfaces — Jean-François Nogier — 7e édition, Dunod — juin 2020
Pour garantir le succès d’une application, celle-ci doit non seulement être utile, mais également facile à utiliser. C’est la raison pour laquelle l’UX Design est devenu une étape incontournable dans la conception des produits numériques.
Cet ouvrage de référence s’adresse à tous les professionnels impliqués dans la conception et le développement d’applications. Depuis sa première édition en 2001, il a été lu, relu, exploité et utilisé par de très nombreux chefs de projet, développeurs et concepteurs d’interface. Conçu de manière pragmatique, il présente une méthode claire et efficace pour « penser UX Design » et vous aider à trouver des solutions pour vos projets.
À travers de nombreux exemples, vous y découvrirez des réponses aux questions que vous vous posez au fur et à mesure de la réalisation de vos applications, depuis le ciblage des utilisateurs, jusqu’aux choix graphiques, en passant par la conception du système de navigation et des éléments d’interaction.
Cette 7e édition apporte une actualisation en profondeur du chapitre sur les méthodes de conception des interfaces [chapitre 7].
Cognitive Load Theory : John Sweller — Springer ; 2011e édition (7 avril 2011)
Au cours des 25 dernières années, la théorie de la charge cognitive est devenue l’une des principales théories mondiales de la conception pédagogique. Il fait l’objet de nombreuses recherches par de nombreux chercheurs en éducation et en psychologie et est familier à la plupart des concepteurs pédagogiques en exercice, en particulier aux concepteurs utilisant des technologies informatiques et connexes.
La théorie peut être divisée en deux aspects qui sont étroitement liés et s’influencent mutuellement : l’architecture cognitive humaine et les conceptions et prescriptions pédagogiques qui découlent de cette architecture. L’architecture cognitive est basée sur l’évolution biologique. La description de l’architecture cognitive humaine qui en résulte est nouvelle et, par conséquent, les conceptions pédagogiques qui découlent de l’architecture sont également nouvelles. Toutes les procédures pédagogiques sont régulièrement testées à l’aide d’expériences randomisées et contrôlées. Environ 1/3 du livre est consacré à l’architecture cognitive et à sa base évolutive avec 2/3 consacrés aux implications pédagogiques qui suivent, y compris l’enseignement basé sur la technologie.
Un autre regard, Emma (Massot éditions) sur Fnac.com
Visuels d’illustration : Emma © Un autre regard / Massot éditions – 2017
Lire aussi :
- La charge cognitive : théorie, principes et ux design.
- Qu’est-ce que l’ergonomie ?
- Qu’est-ce que l’ergonomie informatique ?
- Qu’est-ce que les critères ergonomiques de Bastien et Scapin ?
- Définition psychologie cognitive
- Définition Sciences cognitives
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