Du grec, ergon (le travail), et nomos (la loi), l’ergonomie est la discipline scientifique qui consiste à étudier l’activité humaine, dont le travail, dans tous ses aspects.
Dans sa définition, l’ergonomie évolue avec les conditions de travail, la conception d’outils et les connaissances scientifiques. Multidisciplinaire, nourrie par les progrès techniques et les sciences cognitives, l’ergonomie se met au service du bien-être humain. Ce faisant, l’ergonome contribue à la performance globale des systèmes et des entreprises.
Une définition unique malgré divers champs d’application ?
Évolution des définitions de l’ergonomie au fil du temps
Bonnardel donne cette définition en 1943 :
« L’adaptation de l’homme à son métier »
(extrait de l’ouvrage : L’adaptation de l’homme à son métier – etude de psychologie sociale et industrielle – bibliothèque de philosophie contemporaine).
Faverge, Leplat et Guiguet proposent cette autre définition en 1958 : “l’adaptation de la machine à l’homme”
(extrait de ce compte-rendu)
Le Société d’Ergonomie de Langue Française (SELF, lors du IVème congrès international d’ergonomie) définit ainsi l’ergonomie en 1969 :
« L’ergonomie est l’étude scientifique de la relation entre l’homme et ses moyens, méthodes et milieux de travail. Son objectif est d’élaborer, avec le concours des diverses disciplines scientifiques qui la composent, un corps de connaissances qui dans une perspective d’application, doit aboutir à une meilleure adaptation à l’homme des moyens technologiques de production, et des milieux de travail et de vie. ».
L’IEA (International Ergonomics Association), donne cette définition en l’an 2000 :
« L’ergonomie (ou Human Factors) est la discipline scientifique qui vise la compréhension fondamentale des interactions entre les humains et les autres composantes d’un système, et la profession qui applique principes théoriques, données et méthodes en vue d’optimiser le bien-être des personnes et la performance globale des systèmes – Les praticiens de l’ergonomie, les ergonomes, contribuent à la planification, la conception et l’évaluation des tâches, des emplois, des produits, des organisations, des environnements et des systèmes en vue de les rendre compatibles avec les besoins, les capacités et les limites des personnes. »
Un socle commun, des courants divergents
La définition ci-dessus révèle un socle commun aux différents champs d’application de l’ergonomie mais elle masque une grande diversité de conceptions de ce qu’est l’ergonomie. Chacun s’accorde néanmoins sur un certain nombre de caractéristiques partagées :
Tout d’abord, par ses influences et les méthodes utilisées, l’ergonomie procède d’une démarche scientifique et son objet d’étude est l’activité de travail :
- La dimension physique (postures, troubles musculosquelettiques / TMS, etc.)
- L’organisation du travail (gestion des ressources humaines, risques professionnels…)
- Les processus mentaux ou cognitifs, à l’œuvre durant l’activité humaine (mémoire, perception…)
L’ergonomie a toujours pour objectif l’amélioration des conditions de travail et d’utilisation des outils (machines, interfaces, etc.). D’ailleurs, trois mots sont indissociables de cette discipline : efficacité, santé et sécurité. Pour cela, l’ergonome puise dans des sciences aussi diverses que la médecine, la psychologie ou encore la sociologie. Ces caractéristiques se retrouvent dans les trois dimensions classiques de l’ergonomie que nous développerons plus bas :
- L’ergonomie physique
- L’ergonomie organisationnelle
- L’ergonomie cognitive
A noter que deux courants de l’ergonomie se sont développés au fil du temps :
- Le courant dit du « facteur humain » (« human factor ») : l’ergonomie des composants humains, dite aussi « ergonomie classique ». Un courant à prédominance anglo-saxonne qui recommande une démarche centrée sur la recherche de résultats généraux, de normes (postures, ambiances de travail…).
- Le courant dit de l’activité : plus présent sur le continent européen, ce courant met l’accent sur l’analyse de l’activité, la compréhension des situations de travail avec une attention sur la distinction entre le travail prescrit et le travail réel.
Petite(s) histoire(s) de l’ergonomie
ἔργον / érgon signifie, en grec ancien, « travail ». νόμος / nόmos est la loi, les règles, voire la connaissance. Dans son étymologie même, l’ergonomie témoigne d’une volonté de compréhension du travail. Le sujet n’était d’ailleurs pas nouveau en soi. Dès l’antiquité, des penseurs s’en sont préoccupés. Néanmoins, quelques grandes phases historiques, sociales et humaines, jalonnent le développement de l’ergonomie en tant que sciences.
Au 19ème siècle, Ernst Haeckel (philosophe à qui nous devons aussi le terme « écologie ») utilise le mot ergologie. Il s’agit d’une étude physiologique du travail de l’organisme vivant. Cependant, c’est en 1857 que Wojciech Jastrzębowski crée le terme ergonomie, une science du travail. Il distingue alors la science du travail utile et la science du travail malfaisant. L’une élève l’homme dans ses activités, l’autre le rabaisse.
À cette époque-là et jusqu’aux années 1930, le travail est surtout analysé dans sa dimension physique. La revue française « Le Travail humain » est lancée dès 1933. De nombreux pionniers de la psychologie du travail et de l’ergonomie s’expriment dans ses pages au fil des décennies. C’est réellement à la fin des années 1940 que cette nouvelle science prend son essor.
En 1949, l’ingénieur et psychologue H. Murrel (Royaume-Uni), fondateur de l’Ergonomics Research Society, propose le mot ergonomics. C’est la naissance plus ou moins officielle d’une discipline complexe qui évoluera constamment tout en élargissant son périmètre d’intervention.
L’émergence : L’ergonomie comme nouvelle science et technologie
Une multitude d’histoires transforment le concept d’ergonomie et ses champs d’applications :
- La seconde guerre mondiale puis la guerre froide
- Les recherches en sciences cognitives et en gestion des connaissances
- Les mouvements syndicalistes et la volonté d’aller sur le terrain
- Les innovations technologiques et la complexité des matériels
- La perception des limites du cerveau humain face au flux d’informations
- Et en parallèle, le développement des institutions et sociétés d’ergonomie
La série de vidéos « Histoire(s) de l’ergonomie : une grande leçon » retrace cette métamorphose, du Human engineering à aujourd’hui. Le premier épisode revient sur ces événements. Ceux qui les ont vécus ou ont travaillé sur le sujet, racontent comment l’ergonomie est devenue une science interdisciplinaire. Ces spécialistes soulignent le lien apparu très tôt, entre ergonomie et performance du travailleur.
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La conceptualisation : L’essor des concepts et méthodes en ergonomie
À partir des travaux d’Alain Wisner et de Jacques Leplat, l’ergonomie francophone a remis en question l’universalité des concepts. Autrement dit, l’idée d’un savoir universel applicable à toutes les situations de travail a progressivement été abandonné. C’est une particularité des ergonomes français. En effet, les Américains ont mis plus longtemps à penser variabilité et méthodologie évolutive.
Ce principe conduit à privilégier l’intervention sur le terrain. Il faut observer une situation particulière et utiliser des méthodes universelles pour comprendre le comportement de l’opérateur. C’est l’une discussions passionnantes de la vidéo ci-dessous, où sont également abordées des notions importantes en ergonomie, comme la différence entre :
- Analyse du travail et analyse de l’activité
- Tâche (but à atteindre) et activité (variable selon l’expérience de l’individu, ses apprentissages, etc.).
- Tâche prescrite (à l’opérateur) et tâche effective (réalisée par l’individu)
- Activités symboliques (verbalisées relativement aisément) et sub-symboliques (informations transmises par le cerveau mais non perçues par le sujet)
- Modèle du concepteur, modèle de l’utilisateur et modèle de l’activité
Les méthodes ergonomiques – questionnaires, étude quantitative et qualitative, analyse des mouvements oculaires (eye-tracking), etc. – sont aussi détaillées. Dans quelle situation les applique-t-on ? Comment en tire-t-on des recommandations ergonomiques ?
La pratique : Le développement d’un métier
L’ergonome est-il avant tout un chercheur, c’est-à-dire quelqu’un qui construit des connaissances ? Ou bien est-il un praticien, qui utilise un savoir conçu par autrui, et reste tourné vers l’action ? Le sujet est débattu. D’après Jacques Leplat, « l’ergonomie, c’est l’action ». Les éléments théoriques et psychologiques sont ses potentiels outils pour changer une situation.
Ce débat renvoie à la question des compétences de l’ergonome, discutées, mais finalement résumées ainsi par les intéressés :
- Des compétences techniques pour savoir analyser les situations de travail dans toutes leurs dimensions (physiques, physiologiques, cognitives)
- Des compétences organisationnelles pour comprendre le management, les modes d’organisation…
- Des compétences d’ordre social afin de pouvoir négocier, collaborer avec les acteurs d’un projet…
- Des compétences liées à une connaissance indépendante et professionnelle au service d’une demande de l’entreprise, d’une problématique, d’une difficulté…
Tous s’accordent à définir l’intervention ergonomique comme un lieu d’interactions, qui provoque une mise en mouvement. En tant que consultant, l’ergonome intervient pour mener une analyse de l’existant, concevoir des solutions et initier une transformation. Bien après la mission – délimitée dans le temps – les conséquences sont souvent plus importantes que prévu.
Quelle que soit la manière d’intervenir en tant qu’ergonome – de la pénibilité du travail à la conception d’interfaces – il y a transformation d’une situation existante. Et d’une certaine manière, celle-ci reste liée à la recherche.
Nous vous recommandons de prendre le temps de visionner ce magnifique documentaire : Histoire(s) de l’ergonomie proposé par Eric Brangier et Annie Drouin (Coproduction Université de Lorraine et Université Ouverte des Humanités).
La conceptualisation : L’essor des concepts et méthodes en ergonomie
À partir des travaux d’Alain Wisner et de Jacques Leplat, l’ergonomie francophone a remis en question l’universalité des concepts. Autrement dit, l’idée d’un savoir universel applicable à toutes les situations de travail a progressivement été abandonné. C’est une particularité des ergonomes français. En effet, les Américains ont mis plus longtemps à penser variabilité et méthodologie évolutive.
Ce principe conduit à privilégier l’intervention sur le terrain. Il faut observer une situation particulière et utiliser des méthodes universelles pour comprendre le comportement de l’opérateur. C’est l’une discussions passionnantes de la vidéo ci-dessous, où sont également abordées des notions importantes en ergonomie, comme la différence entre :
- Analyse du travail et analyse de l’activité
- Tâche (but à atteindre) et activité (variable selon l’expérience de l’individu, ses apprentissages, etc.).
- Tâche prescrite (à l’opérateur) et tâche effective (réalisée par l’individu)
- Activités symboliques (verbalisées relativement aisément) et sub-symboliques (informations transmises par le cerveau mais non perçues par le sujet)
- Modèle du concepteur, modèle de l’utilisateur et modèle de l’activité
Les méthodes ergonomiques – questionnaires, étude quantitative et qualitative, analyse des mouvements oculaires (eye-tracking), etc. – sont aussi détaillées. Dans quelle situation les applique-t-on ? Comment en tire-t-on des recommandations ergonomiques ?
La pratique : Le développement d’un métier
L’ergonome est-il avant tout un chercheur, c’est-à-dire quelqu’un qui construit des connaissances ? Ou bien est-il un praticien, qui utilise un savoir conçu par autrui, et reste tourné vers l’action ? Le sujet est débattu. D’après Jacques Leplat, « l’ergonomie, c’est l’action ». Les éléments théoriques et psychologiques sont ses potentiels outils pour changer une situation.
Ce débat renvoie à la question des compétences de l’ergonome, discutées, mais finalement résumées ainsi par les intéressés :
- Des compétences techniques pour savoir analyser les situations de travail dans toutes leurs dimensions (physiques, physiologiques, cognitives)
- Des compétences organisationnelles pour comprendre le management, les modes d’organisation…
- Des compétences d’ordre social afin de pouvoir négocier, collaborer avec les acteurs d’un projet…
- Des compétences liées à une connaissance indépendante et professionnelle au service d’une demande de l’entreprise, d’une problématique, d’une difficulté…
Tous s’accordent à définir l’intervention ergonomique comme un lieu d’interactions, qui provoque une mise en mouvement. En tant que consultant, l’ergonome intervient pour mener une analyse de l’existant, concevoir des solutions et initier une transformation. Bien après la mission – délimitée dans le temps – les conséquences sont souvent plus importantes que prévu.
Quelle que soit la manière d’intervenir en tant qu’ergonome – de la pénibilité du travail à la conception d’interfaces – il y a transformation d’une situation existante. Et d’une certaine manière, celle-ci reste liée à la recherche.
La démultiplication des domaines de l’ergonomie
La naissance de l’ergonomie coïncide avec des accidents du travail provoqués par des erreurs humaines. La sidérurgie et l’aéronautique, avec les systèmes d’automatisation, ont conduit à une ergonomie de la performance qui restait très physique. Avec l’informatisation du travail, à compter des années 1970-1980, l’ergonomie est devenue cognitive. Actuellement, il y a encore une multitude de domaines dans lesquels interviennent les ergonomes :
- L’ergonomie des documents procéduraux, qui s’intéresse aux textes et consignes pour guider les opérateurs dans la réalisation de leurs tâches professionnelles et domestiques
- L’ergonomie scolaire, incluant les travaux discutés sur la chrono-ergonomie et la chrono-psychologie
- L’ergonomie de la relation de service, avec notamment l’analyse des échanges conversationnels dans les Call Centers entre les opérateurs et les clients
- L’ergonomie dans la gestion d’environnements dynamiques, donc de processus qui évoluent en l’absence d’action humaine
- L’ergonomie informatique qui englobe elle-même plusieurs domaines d’études dont l’ergonomie web, l’ergonomie des aides techniques informatiques aux personnes handicapées, l’ergonomie des jeux vidéo…
- Etc.
Cette diversité fait la richesse de la discipline dans le sens où elle témoigne de son adaptabilité aux changements. De plus, la pluridisciplinarité inhérente à ce domaine facilite la résolution des problèmes ergonomiques encore inédits quelques années auparavant.
L’institutionnalisation : Le développement d’institutions d’ergonomie et d’ergonomes
La reconnaissance de la discipline et de la profession s’est faite de manière disparate et progressive. Ce processus est passé par la création d’institutions et d’organisations :
- La société anglaise d’ergonomie (Ergonomic Research Society) par Murrel en 1949
- L’International Ergonomics Association, fédération d’organisations d’ergonomie, en 1959
- La Société d’ergonomie de langue française (SELF) en 1963 grâce, entre autres, à Simon Bouisset, Jean Marie Favergé, Jacques Leplat, Bernard Metz, Alain Wisner, Étienne Grandjean, et bien d’autres
- Le 1er comité de normalisation en ergonomie en 1974 au sein de l’ISO
- Le Groupe de travail en psychologie ergonomique (GRAPE), au sein du Département Recherche de la Société française de Psychologie (SFP) en 2000
- Le Collège des enseignants-chercheurs en ergonomie (CE2) en 2004
- Le réseau des jeunes chercheurs en ergonomie (RJCE) en 2008
- Le groupe de recherche (GDR) Psycho-ergo auprès du CNRS, devenu l’Association pour la recherche en psychologie ergonomique et ergonomie (ARPEGE) en 2011
Les professionnels ont aussi leur syndicat, le SNCE – syndicat national des cabinets-conseils en ergonomie – créé en 1998. Enfin le CREE (Centre of registration of european ergonomists) délivre le titre d’ergonome européen en exercice (label qualité).
L’essaimage : La diffusion et l’internationalisation
L’Italie, l’Allemagne, les Pays-Bas, la France puis le Japon ont été les premiers pays à rejoindre l’IEA, entre 1961 et 1964. Les congrès, organisés par les sociétés nationales, ont contribué à faire connaître la discipline dans un nombre croissant de régions du monde, y compris hors de l’Europe.
La diffusion de l’ergonomie s’est réalisée différemment selon les pays, sous diverses influences :
- Les rencontres entre des chercheurs qui avaient chacun leurs expériences individuelles et des formations universitaires variées (génie industriel, médecine, psychologie…)
- Des liens avec des organismes internationaux comme l’OMS (Organisation mondiale de la santé)
- Les évolutions réglementaires liées aux changements dans les organisations du travail et la prise de conscience des risques professionnels.
Certains ont conservé une vision de l’ergonome en tant qu’acteur de la santé au travail. D’autres, en particulier la France, se sont davantage spécialisés dans la cognition. Favergé en Belgique, Grandjean et Paule Rey en Suisse, ont contribué à déclencher des vocations. Ailleurs, comme au Canada anglophone ou encore en Pologne, l’influence des Human Factors a été décisive.
De sa naissance à aujourd’hui, la discipline s’est toujours construite entre recherche (laboratoires) et terrain. Les thèmes ont également évolué en fonction de sujets de préoccupation régionaux et nationaux.
Prospective : perspectives sur le futur de l’ergonomie
Avec les crises économiques successives, la question des conditions de travail a pris moins d’importance comparé à l’emploi. La loi du marché, la recherche de productivité, la notion de performance ont amené de nouveau enjeux. En termes de santé, l’épuisement nerveux, le burnout, etc. sont des sujets où l’ergonome a aussi sa place.
Par ailleurs, l’ergonomie de produit et la notion d’usage paraissent être des problématiques où la demande est forte. Les tâches professionnelles s’exercent désormais aussi chez soi, hors d’une structure claire. Les mêmes outils peuvent être utilisés en entreprise et dans un cadre personnel. Cette porosité entre les sphères professionnelles et privées est un sujet d’étude important pour l’ergonome.
Il faut également noter la prise en compte du confort et des émotions. L’ergonomie cognitive s’intéressait surtout à la capacité de traiter des informations. Maintenant, la psychologie ergonomique (psychologie cognitive) étudie aussi le rapport affectif entre l’utilisateur et le produit. L’expérience utilisateur devient véritablement un sujet de recherches.
Le futur de la discipline pourrait se jouer dans l’ergonomie prospective. De plus en plus, les ergonomes sont dans l’anticipation des futurs besoins des utilisateur. En termes d’innovation, l’ergonomie prospective a un défi à relever, à savoir la conception d’artefacts.
Lire à ce sujet l’ouvrage « L’ergonomie prospective : fondements et enjeux » de Éric Brangier et Jean-Marc Robert (cité en bibliographie) dont est extrait le tableau ci-dessous :
Comparaison entre l’ergonomie corrective, l’ergonomie de conception et l’ergonomie prospective selon une première liste de critères (adapté de Robert & Brangier, 2009)
Les innovations technologiques précèdent les usages, d’où l’intérêt de construire des modèles prédictifs. L’ergonome devient alors le constructeur, au sens du maître d’œuvre, des futurs produits, systèmes et services. Cette discipline-là se rapporte à de nombreux besoins dont le marketing et le design. L’éthique devrait également être au cœur de ces problématiques futures.
Objectifs de l’ergonomie
L’ergonomie s’intéresse avant tout à l’homme au travail. Au fil de son histoire, la discipline oscille entre la production de nouvelles connaissances via la recherche, et l’enquête in situ. Voici quelques-uns des principaux objectifs de l’ergonomie :
- Atteindre une adéquation entre la machine utilisée et l’activité globale de l’utilisateur, y compris si la personne souffre d’un handicap
- Remédier aux dysfonctionnements, à tout ce qui entrave l’accomplissement de la tâche.
- En somme, comprendre la situation de travail réelle afin de pouvoir l’améliorer
- Donc agir pour adapter les contextes et outils aux travailleurs, usagers, utilisateurs, etc.
- Et ainsi, répondre aux besoins des organisations (espaces de travail, productivité, etc.).
- Voire anticiper les besoins et usages futurs de l’utilisateur (ergonomie prospective)
Malgré la diversité des méthodes et des domaines d’intervention, l’ergonomie est tournée vers l’observation et l’action. L’objectif est de poser un diagnostic pour en tirer des préconisations.
Trois domaines d’application de l’ergonomie
Globalement, on recense trois domaines principaux d’application de l’ergonomie :
- L’ergonomie physique : prévention des troubles musculaires et squelettiques, impacts de la posture assise, conséquences des mouvements répétitifs, etc. Tous les processus physiques à l’œuvre pendant la réalisation des tâches sont analysés. L’ergonome joue alors un rôle majeur dans la santé au travail, le bien-être et la sécurité. Le but est d’adapter l’outil à la physiologie et à la morphologie des utilisateurs.
- L’ergonomie organisationnelle : analyse des facteurs humains, managériaux, de la conduite du travail, des situations à risques dans les organisations, travail en équipe, culture d’entreprise… La problématique est d’optimiser l’organisation du travail par rapport aux travailleurs.
- L’ergonomie cognitive, parfois appelée ergonomie mentale, puisque c’est une analyse des processus et modèles mentaux : raisonnement, mémorisation, perception… Ces sujets d’études aident notamment à concevoir des interfaces adaptées à l’activité cognitive de l’utilisateur.
Les ergonomes interviennent donc dans un grand nombre de situations, par exemple :
- Aide à la prévention des maladies professionnelles et de la pénibilité au travail
- Contribution à l’amélioration des conditions de travail des salariés en entreprise…
- Conception de logiciels, d’applications, d’outils numériques…
La démarche mise en œuvre dépend du contexte. Néanmoins, l’ergonomie utilise toujours les sciences relatives au comportement humain, et s’intéresse aux utilisateurs en situation réelle. C’est ainsi que se sont développées des normes définitivement admises et des principes respectés. La démarche est la plupart du temps collaborative. Les praticiens de l’ergonomie travaillent avec les acteurs de l’entreprise, la maîtrise d’ouvrage, ou encore les designers.
Ergonomie cognitive
Illustration : David Plunkert
À partir des années 1980, les travaux menés sur les interactions homme-machine (IHM) ont entraîné l’essor de l’ergonomie cognitive. Cette discipline assez récente traite de la relation entre l’opérateur et l’interface. L’activité cognitive comprend le traitement de l’information, l’apprentissage, la mémorisation… mais également les réponses motrices associées : le geste sur l’écran tactile, la commande vocale, le clic sur la souris, etc.
L’ergonomie cognitive permet donc de tenir compte des processus cognitifs humains pour la conception de systèmes interactifs, de machines. L’ergonome essaie d’adapter l’interface au fonctionnement cognitif de son utilisateur, dans son travail ou au quotidien. Le concept de charge mentale, par exemple, provient de l’ergonomie cognitive.
Selon la théorie de la charge mentale, ou surcharge cognitive, le cerveau humain est limité dans le traitement de l’information. Au-delà d’une certaine quantité d’informations sur une période donnée, l’effort cognitif serait trop important. Ce principe est controversé mais a néanmoins été appliqué à la conception d’interfaces homme-machine.
- Lire à ce sujet : qu’est-ce que la loi de Miller ?
- Lire aussi : La charge mentale de travail : un concept qui reste indispensable, l’exemple de l’aéronautique
L’ergonomie informatique, plus spécifiquement centrée sur les relations homme-ordinateur, fait donc partie de l’ergonomie cognitive. On la divise parfois entre ergonomie web et ergonomie logicielle.
Ergonomie web
Illustration : David Plunkert
L’ergonomie web consiste à optimiser l’interaction entre l’interface du site et ses utilisateurs, visiteurs et administrateurs. Pour être ergonomique, un site web doit présenter :
- Une utilité, c’est-à-dire servir à la réalisation de l’activité de l’utilisateur, avoir un sens par rapport à ses objectifs.
- Une utilisabilité, laquelle englobe tout ce qui permet de l’utiliser facilement, rapidement, sans erreur, de manière satisfaisante.
Pour les spécialistes de l’ergonomie anglo-saxons, le terme usability désigne d’ailleurs l’ergonomie informatique. La norme ISO 9241 définit cette notion à partir de trois paramètres :
- L’efficacité
- L’efficience
- La satisfaction
L’internaute réalise l’action voulue sur le site de manière simple. Il le fait rapidement (sans apprentissage compliqué ni erreurs impossibles à corriger). Et il est heureux d’avoir réussi cette tâche. L’enjeu est à la fois humain – le site web satisfait l’internaute auquel il est destiné – et économique. En effet, un site internet efficace, efficient et satisfaisant donne envie au visiteur de rester et de revenir.
Des règles et des principes ergonomiques permettent de réussir l’ergonomie des interfaces de sites web. L’action porte notamment sur :
- La clarté de la page d’accueil au regard de l’information recherchée par les visiteurs
- La lisibilité des textes: polices de caractères, liste à puces, découpage du contenu…
- L’accessibilité du menu et la simplicité de l’arborescence pour faciliter la navigation
- L’optimisation des images et la rapidité de l’affichage car l’internaute est impatient
- La compatibilité ou la prise en compte de différents supports (site responsive)
- La bonne utilisation des liens hypertextes (utiles, clairs, sans être envahissant)
- Le soin porté à la conception des formulaires web
Il faut également tenir compte du profil de l’utilisateur : ses attentes, son modèle mental, sa maturité numérique, etc. L’ergonome doit de préférence intervenir dès la conception du site.
Les critères ergonomiques et recommandations
La notion d’utilisabilité a débouché sur l’élaboration de critères et de préconisations. On les utilise soit pour procéder à une évaluation de l’utilisabilité, soit pour concevoir des interfaces ergonomiques. Citons ainsi :
- Les critères ergonomiques de Bastien & Scapin (compatibilité, guidage, homogénéité, flexibilité, contrôle utilisateur, traitement des erreurs, charge mentale).
- La Théorie de la Gestalt dans l’organisation de la page web ou utilisation des lois de la perception visuelle pour faciliter la compréhension des internautes.
- La Loi de Fitts afin de tenir compte du temps qu’il faut pour cliquer sur les boutons de l’interface utilisateur.
On peut aussi mentionner les critères heuristiques de Nielsen.
Ergonomie mobile
Illustration : David Plunkert
L’ergonomie mobile a pour objectif de rendre les appareils mobiles – applications sur smartphones, tablettes, etc. – utiles et utilisables. Actuellement, les gens se servent principalement du mobile pour téléphoner, mais aussi naviguer sur Internet, trouver des informations ou faire des achats. Qu’il s’agisse de loisirs ou d’activités professionnelles, les outils sont mobiles. Néanmoins, nombre d’applications sont supprimées peu de temps après avoir été téléchargées en raison d’un manque d’ergonomie. Preuve s’il en est que cette dimension est cruciale pour le succès d’une application mobile.
Les conseils ergonomiques appropriés pour un site web ne sont pas forcément valables pour une application mobile. En effet, il faut également prendre en compte le geste tactile et le contexte d’utilisation. L’idéal, pour comprendre ce que veulent les mobinautes et la façon dont ils se comportent, est de faire des tests utilisateurs.
Cependant, quand il s’agit de concevoir des interfaces mobiles, certains critères d’ergonomie sont établis :
- Être vigilant en termes de navigation, empêcher l’utilisateur de se perdre
- Mettre en évidence l’interactivité des boutons et icônes, moins perceptibles sur mobile
- Renforcer l’intuitivité des interactions car l’utilisateur n’a que ses doigts pour interagir
- Aller à l’essentiel pour permettre aux utilisateurs de trouver rapidement ce qu’ils cherchent
Quand c’est possible, la meilleure option reste d’interroger les usages de l’utilisateur. Les tests utilisateurs sont décisifs à cet égard.
Ergonomie des logiciels
Illustration : David Plunkert
L’ergonomie des logiciels a pour objectif de rendre le logiciel facile, simple et agréable à utiliser. L’utilisateur doit pouvoir atteindre son but et réaliser sa tâche. Les fonctionnalités doivent correspondre à ses besoins et s’exécuter facilement.
Les ergonomes ont un rôle important à jouer dans le domaine des logiciels, surtout quand il s’agit d’applications métiers. On constate en effet un décalage entre les logiciels destinés à des consommateurs particuliers, et ceux réservés aux professionnels.
Lire à ce sujet :
- Application métier : et si elle méritait une UX exceptionnelle ?
- Expérience collaborateur, ou comment créer une expérience engageante
- Pourquoi faut-il travailler l’UX de vos applications professionnelles ?
- Soignez l’UX de votre application métier : vos collaborateurs vous remercieront !
Bien souvent, les applications métiers manquent d’ergonomie et font perdre du temps aux employés et salariés. Le logiciel doit absolument répondre à un besoin – personnel ou professionnel – de l’utilisateur. Quand un employé n’utilise pas le logiciel professionnel comme il le souhaiterait, l’entreprise entière est perdante. Pour être certain de créer une solution logicielle qui correspond aux attentes, la réalisation d’un audit ergonomique est recommandé.
Autrement dit, il faut s’assurer que les critères d’utilisabilité sont respectés. De nombreux outils et méthodes ergonomiques permettent d’impliquer l’utilisateur dès la conception pour savoir ce qu’il attend du produit. C’est un investissement que le concepteur ou l’entreprise l’amortit rapidement. Au contraire, un logiciel non ergonomique risque de ne pas être utilisé, ou d’être saboté par les utilisateurs. Le risque est donc beaucoup plus important pour l’entreprise.
Quelles compétences un UX Designer doit-il avoir en ergonomie ?
L’ergonome se distingue généralement par ses connaissances en sciences humaines et sociales, et plus précisément en sciences cognitives. C’est en cela qu’il est capable de faire participer les utilisateurs et de comprendre leurs réels besoins. Son expertise multidisciplinaire est aussi une valeur ajoutée pour proposer des méthodes efficaces et des solutions nouvelles.
Par conséquent, l’UX designer devrait partager certaines compétences avec l’ergonome :
- La compréhension du fonctionnement cognitif et du facteur humains afin de comprendre vraiment les utilisateurs, étape indispensable en UX Research / Recherches UX.
- Des notions suffisantes pour mener une enquête ethnographique afin de savoir analyser l’activité des utilisateurs sur le terrain
- Les techniques d’enquêtes pour obtenir des données qualitatives et quantitatives
- La capacité à prendre en compte les différents métiers et surtout les usages réels
- La connaissance des principes de l’ergonomie des IHM (web et/ou logicielles)
En suivant une formation en sciences humaines (ou formation en UX Design, chez Usabilis par exemple ^^), ou grâce à l’expérience, les professionnels de l’UX doivent avoir certaines notions d’ergonomie.
Ergonome IHM, Kesako ?
L’ergonome des interfaces homme-machine (IHM) est un professionnel de la conception d’interfaces, notamment web et logicielles. Chacun d’entre nous interagit avec des systèmes tous les jours. En revanche, nous ne parvenons pas tous à exploiter les machines – ordinateurs, produits numériques, systèmes en général – comme nous l’espérions.
L’ergonome IHM a pour objectif de nous permettre d’utiliser les interfaces comme nous le désirons. L’idée principale est de mettre la machine au service de l’humain qui a besoin de l’utiliser. Améliorer l’ergonomie IHM est satisfaisant pour l’utilisateur. En contexte professionnel, c’est également un moyen d’accroître la performance de l’entreprise.
Concrètement, l’ergonome utilise son savoir en sciences cognitives et s’appuie sur des démarches centrées-utilisateur. C’est ce qui lui permet de concevoir des interfaces efficaces, accessibles et intuitives. Il en résulte une satisfaction pour les utilisateurs – consommateurs, clients, employés – et pour l’entreprise qui a proposé le produit numérique.
En ergonomie IHM, on tient compte du profil utilisateur, des normes et des techniques disponibles pour concevoir les interfaces appropriées. Avec la multitude de produits numériques, la qualité de l’interaction humain-machine est un enjeu essentiel. Or cela passe par la conception d’une interface homme-machine réussie pour les utilisateurs et donc d’une expérience utilisateur (UX) de qualité.
Une vidéo qui nous a bien fait sourire, propose une définition quelque peu décalée de l’IHM.
Quelles sont les différences entre ergonomie et UX / expérience utilisateur ?
L’ergonomie et l’UX sont des disciplines récentes qui se rejoignent dans leur méthodologie et leurs objectifs. Dans les environnements numériques, le terme d’UX designer tend à remplacer celui d’ergonome. Est-ce parce que l’ergonomie est encore perçue comme l’analyse des situations de travail physiques ?
Pourtant, on l’a vu précédemment, des ergonomes aident à la conception d’interfaces de sites internet, de jeux vidéo, etc. D’ailleurs, la qualité de l’expérience utilisateur dépend de paramètres qui relèvent de l’ergonomie :
- Fonctionnalités utiles par rapport aux besoins utilisateurs
- Interface facile à utiliser, donc utilisable par la population ciblée
- Interface utilisateur (UI) désirable, agréable
- Navigable (les internautes ou utilisateurs doivent trouver l’information), accessible
- Crédible, cohérente avec le message que la marque transmet à ses clients
La démarche de conception UX est centrée sur l’utilisateur alors que la démarche ergonomique est anthropocentrée.
Dans les deux cas, le praticien essaiera d’atteindre des buts communs :
- Anticiper les besoins utilisateurs pour définir les services et fonctionnalités
- Avoir des connaissances en sciences cognitives, humaines, sociales…
- Disposer d’une boîte à outils pour observer et analyser les attentes et usages
- Concevoir de manière pluridisciplinaire en s’entourant de différents acteurs
- Faire des propositions pour rendre l’utilisation plus efficace
- Augmenter ainsi la performance de l’entreprise
On peut mettre en perspective l’évolution de l’ergonomie en corrélation avec les technologies et leur diffusion comme l’ont fait Christian Bastien et Eric Brangier dans ce diagramme :
Evolution de l’ergonomie en corrélation avec les technologies et leur diffusion – Par Christian Bastien et Eric Brangier
Cité dans la thèse “Élaboration, validation et application de la grille de critères de persuasion interactive” de Nemery Alexandra – Université de Metz, 2012.
L’ergonomie ne concerne plus uniquement le monde professionnel. L’UX, en revanche, pourrait s’appliquer davantage aux outils du travail. Finalement, la différence entre ergonome et UX designer tient surtout à la formation du praticien. Dans cette vidéo, la Gaïa Team décortique les différences entre les concepts, et surtout leurs points communs !
Conclusion
L’ergonome a commencé par essayer d’adapter l’homme au travail, avant de vouloir adapter le travail à l’homme. Maintenant, l’ergonomie s’intéresse à toutes les activités humaines, qu’il s’agisse de travail ou de loisirs. C’est une discipline relativement récente qui ne cesse de se transformer pour s’adapter aux demandes et besoins des utilisateurs. L’ergonome, désormais, participe à la conception des outils de travail, dont les interfaces hommes-machines. L’expérience utilisateur est directement lié à l’ergonomie des produits, d’où la confusion fréquente entre UX design et ergonomie. En effet, les deux disciplines font appel aux méthodes scientifiques pour identifier les problèmes et les résoudre. L’avenir de l’ergonomie s’écrit, encore et toujours, avec l’évolution des activités humaines.
Bibliographie
UX Design et ergonomie des interfaces Jean-François Nogier, Jules Leclerc
6ème édition Dunod
Concevoir des interfaces ergonomiques. Les enjeux d’une conception ergonomique. L’ergonomie des sites web. L’ergonomie des intranets. L’ergonomie sur les devices mobiles. Organiser l’information. Identifier le contenu. Structurer l’information. Agencer pour faciliter l’interaction. Concevoir la page d’accueil. Construire la navigation. Concevoir le système de navigation. Naviguer autrement. Vérifier la navigation. Créer l’interaction. Interagir avec l’interface. Les éléments d’interaction. Les temps de réponse. Communiquer avec l’utilisateur. Le langage de l’interface. L’internationalisation des interfaces. Le traitement des erreurs. Aide et assistance à l’utilisateur. Présenter l’information. Techniques de mise en évidence. La couleur. Les icones. Le texte. Les produits pour l’e-commerce. Méthodes de conception des interfaces. La conception orientée utilisateurs. L’analyse. La conception. L’évaluation ergonomique.
Critères ergonomiques de Bastien et Scapin
Les critères ergonomiques sont des caractéristiques de l’interface qui vont déterminer son utilisabilité (ou ergonomie). Ils permettent d’identifier les problèmes d’ergonomie d’une interface. Ils sont utilisés en phase d’évaluation dite « experte » c’est à dire sans engager l’utilisateur. Ils sont généralement utilisés avant d’engager les tests d’utilisabilité.
L’ergonomie de Françoise Darses et Maurice de Montmollin
Éditions La Découverte
L’ergonomie est bien plus que cette étiquette qui, apposée sur les produits grand public, nous en vante leur facilité d’utilisation. L’ergonomie, c’est une démarche d’analyse et de transformation du travail, dont la nécessité s’impose aujourd’hui aux entreprises et à leurs salariés. L’ergonomie est interpellée sur la prévention des risques encourus par les opérateurs, sur la fiabilité des systèmes complexes, sur les conséquences de l’informatisation et de l’automatisation du travail, sur la conduite de projets de conception. On trouvera dans cet ouvrage une description des concepts et des méthodes de l’ergonomie. Les différents courants qui traversent la discipline y sont expliqués et leur complémentarité est mise en valeur. Enfin, les principaux champs d’intervention de l’ergonomie sont passés en revue, illustrés par de nombreux exemples d’interventions et de recherches.
Ergonomie de Pierre Falzon
Éditions PUF
L’ergonomie a un demi-siècle. Est-elle pour autant bien connue, et connue pour ce qu’elle est réellement ? Pour beaucoup, son domaine d’intervention est étroitement limité à une adaptation physique des objets de tous les jours. Pour d’autres, elle se préoccupe du travail à l’exclusion de tout autre type d’activité humaine. Dans les faits, le champ d’action de l’ergonomie est bien plus large, qu’il s’agisse des dimensions humaines considérées – physique, cognitive, psychique -, ou des secteurs dans lesquels elle intervient – conception, production industrielle, systèmes de santé, services, bureaux d’étude, etc. L’action ergonomique ne consiste pas à mettre en œuvre son seul bon sens : elle s’appuie sur des concepts, des modèles, des démarches, des méthodes et des
techniques, dont l’objectif est de contribuer à l’évaluation et à l’élaboration de solutions, d’agir sur les situations, de participer aux décisions de conception. Ce traité est à la fois une introduction aux fondements de la discipline et un
recueil de bonnes pratiques. Rédigé par les meilleurs spécialistes du domaine, il présente une vue d’ensemble de l’ergonomie, qui ne se limite ni à un domaine de spécialisation, comme l’ergonomie physique ou l’ergonomie cognitive, ni à un domaine d’intervention particulier. Destiné au premier chef aux étudiants et professionnels de l’ergonomie, il intéressera tous ceux concernés par cette discipline – gestionnaires de ressources humaines, médecins du travail, préventeurs, fiabilistes, spécialistes du handicap, ingénieurs de développement ou de production, techniciens des méthodes, formateurs, qualiticiens – qui y trouveront des éléments utiles à leur pratique.
Ergonomie web : pour des sites web efficaces de Amélie Boucher
Éditions Eyrolles
Tout site Internet doit réussir le pari difficile de séduire et de satisfaire ses visiteurs. Mais comment connaître ces derniers et se mettre à leur place ? Comment concevoir un site si agréable et efficace qu’il donne envie d’y rester et d’y revenir ? Grâce aux conseils pratiques et méthodologiques d’Amélie Boucher dans ce livre devenu désormais la référence francophone, comprenez et appliquez l’ergonomie web sur le terrain !
Afin de tenir compte de l’évolution du Web, la totalité des exemples a été renouvelée pour cette troisième édition, enfin en couleur !
Alliez ergonomie et efficacité : concevez des sites pour vos utilisateurs
- Débarrassez-vous des idées reçues et maîtrisez les 12 premières règles de l’ergonomie
- Maniez les personas pour vous mettre dans la peau de vos internautes
- Auditez l’ergonomie de votre site web
- Définissez vos contenus et menez des benchmarks ergonomiques
- Optimisez les parcours client dans votre site
- Réalisez des zonings et wireframes
- Évaluez les usages par des tris de cartes, des tests utilisateurs et de comportement
- Inspirez-vous de sites réels pour améliorer votre ergonomie
- Découvrez les fondements théoriques de l’ergonomie (accessibilité visuelle, loi de Fitts, affordances, théories de la Gestalt…)
À qui s’adresse cet ouvrage ?
- Concepteurs web, ergonomes, architectes de l’information, designers web, rédacteurs
- Développeurs web, webmestres et chefs de projet
- Directeurs artistiques, responsables marketing, chefs de produit et directeurs de clientèle
- Toute personne souhaitant réaliser un site web
Les compétences en ergonomie de Jacques Leplat et Maurice de Montmollin
Éditions Octares
Devant la grande diversité actuelle des significations de la notion de compétence, il a été jugé utile de préciser celles qu’ont données les ergonomes. Ceci afin d’aider ces derniers et leurs clients, mais aussi les autres utilisateurs du terme à délimiter leurs domaines. Il est proposé dans cet ouvrage un choix de textes déjà publiés, depuis une quinzaine d’années. Jacques Leplat et Maurice de Montmollin se sont limités aux textes de langue française, car la notion de compétence, en ergonomie, a surtout été utilisée dans le cadre de l’ergonomie dite centrée sur l’activité. Une discipline qui n’est pas figée, mais évolue, comme le lecteur pourra s’en rendre compte à la lecture des textes ici réunis. Une courte préface précise les principales différences avec l’usage de la notion dans d’autres disciplines. Ces textes, écrits dans des perspectives variées, devraient montrer l’intérêt de la notion, et la place qu’elle peut prendre dans les études d’ergonomie et de formation.
Mélanges ergonomiques : activité, compétence, erreur de Jacques Leplat
Éditions Octares
Les trois concepts auxquels s’intéresse cet ouvrage sont des concepts clés en ergonomie. Il est peu de textes de cette discipline où ils ne figurent pas. Il est donc important d’examiner de temps en temps la signification qui leur est donnée et l’usage qui en est fait. A mieux les connaître, on les utilisera avec plus de pertinence et on appréciera plus justement les textes et discours qui en font usage. L’activité tient une place particulière dans ce trio, puisqu’elle est très étroitement liée à l’ergonomie : beaucoup s’accordent avec Wisner pour voir dans « l’analyse des activités la partie centrale et originale de l’analyse ergonomique du travail ». On n’a jamais fini de réfléchir sur l’activité et c’est par elle que passe notamment l’étude des compétences et des erreurs. Les trois concepts ou thèmes sont étroitement liés et se codéterminent de manières multiples. Pour aborder cette situation et apporter une contribution aux débats auxquels elle a donné lieu, nous avons exploité des textes personnels d’origines diverses assortis de commentaires visant à les compléter et à les actualiser. Il ne s’agit pas de privilégier un point de vue théorique ou méthodologique, mais plutôt de montrer comment ces thèmes sont éclairés à être considérés dans des perspectives différentes. En décontextualisant ces concepts, on apprend aussi à mieux les recontextualiser et à en faire des instruments d’analyse efficaces. Cet ouvrage, d’un caractère un peu scolaire, s’adresse aux étudiants d’ergonomie qu’il pourra familiariser en même temps à la psychologie ergonomique dans laquelle il s’inscrit. Il s’adresse aussi aux ergonomes qui ont envie de réfléchir à leur pratique. Il est également susceptible d’intéresser un public plus large, notamment en ce qui concerne l’erreur qui est un thème qui demeure d’actualité dans de multiples domaines.
Traité d’ergonomie. Toulouse (1996) – Pierre Cazamian, François Hubault et Monique Noulin (sous la direction de)
Rédigé par un collectif d’auteurs participant à l’enseignement de l’ergonomie dispensé à l’Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), le Traité d’ergonomie publié pour la première fois en 1987, réédité depuis, est rapidement devenu un ouvrage de référence pour les ergonomes de langue française.
L’ergonomie de Alain Lancry
Paris : PUF (collection Que sais-je ?) – (5e édition)
Les mutations que connaît le monde du travail depuis plusieurs décennies ont modifié non seulement notre façon de travailler mais aussi notre rapport au travail. Les conditions de travail ont ainsi été fortement remodelées.
L’ergonomie contemporaine, véritable science du travail et des travailleurs, porte sur les situations de travail un regard analytique, étayé par des théories et des méthodologies éprouvées. Alliant souci de l’efficacité et du bien-être, elle propose ainsi les aménagements nécessaires et de nouvelles formes de travail pour réduire les conséquences négatives de ses évolutions (souffrance au travail, santé, vieillissement, etc.) sur l’homme comme sur les organisations.
Le travail humain de Éric Brangier et Jean-Marc Robert
Éditions PUF
À partir d’une analyse de la prospective et de l’intégration d’éléments de celle-ci à l’ergonomie, les auteurs proposent de reconnaître l’ergonomie prospective (EP) comme une nouvelle modalité d’intervention ergonomique permettant de travailler sur le futur. Leur objectif est d’amener l’ergonomie à s’intéresser aux futurs besoins et usages humains et à la création de futurs produits, procédés et services, et à le faire sous l’angle des facteurs humains et organisationnels qui sont toujours à la base de son action. Les connaissances et méthodes de la prospective, de l’ergonomie et de la créativité sont mises à profit pour rechercher et créer. Une intervention prospective est proactive, spéculative et inventive. Elle se situe en amont de la conception dans les projets où les besoins précèdent la technologie, et elle donne l’occasion à l’ergonome de travailler au niveau stratégique des entreprises. Les auteurs discutent les enjeux et défis de l’EP et décrivent les grandes lignes des huit articles de ces deux numéros spéciaux.
Lire aussi :
- Qu’est-ce que l’ergonomie informatique ?
- Interview : Qu’est-ce-que l’ergonomie informatique ?
- 3 conseils d’ergonomie pour la conception d’applications de gestion
- Qu’est-ce que les critères ergonomiques de Bastien et Scapin ?
- Qu’est-ce que les sciences cognitives ?
- Qu’est-ce que la psychologie cognitive ?
- Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?
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