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Définition Sciences cognitives

07/11/2017
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Definition sciences cognitives
Les sciences cognitives portent sur la manière dont les connaissances se construisent, s’utilisent et se transmettent. L’approche des sciences cognitives est pluridisciplinaire, avec un versant théorique et un versant expérimental. La définition des sciences cognitives est complexe à établir car il s’agit d’un champ vaste aux applications pratiques multiples.

Qu’est-ce que les sciences cognitives ?

D’un point de vue étymologique, le terme « cognition » vient du latin cognosco, cognoscere, cognitium. Ce verbe peut se traduire par : savoir, comprendre ou connaître. En fait, les sciences cognitives étudient les mécanismes de la pensée (humaine, animale ou artificielle) pour expliquer le fonctionnement de l’esprit humain. Les sciences cognitives exploitent les données transmises par plusieurs sous-disciplines : la neuroscience, la linguistique, l’anthropologie, la philosophie, la psychologie et l’intelligence artificielle. Sur cette base, le cogniticien travaille sur la compréhension de différents phénomènes, tels que le langage, la mémoire, l’attention, les perceptions ou encore le raisonnement.

 

Hexagone des sciences cognitivesCrédits :
By Dtracked (Own work) via Wikimedia Commons

Origine des sciences cognitives

Nous pouvons distinguer quelques étapes-clés pour résumer l’avènement et le développement des sciences cognitives :

  • 1942-1953. Dans le cadre des Conférences Macy à New-York, des chercheurs issus de différentes disciplines scientifiques se rassemblent pour créer une science générale du fonctionnement de l’esprit.
  • Été 1956. C’est la 1e conférence sur l’intelligence artificielle. Les participants se demandent comment l’intelligence artificielle pourrait s’appliquer à la psychologie de la cognition. Le terme « sciences cognitives » n’existe pas encore.
  • Années 1970. Les recherches se multiplient aux États-Unis. La revue Cognitive Science naît en 1977, suivi de la parution du premier rapport sur la situation des sciences cognitives, en 1978.
  • Années 1980-1990, les chercheurs français s’intéressent aussi aux sciences cognitives, surtout au sein du CNRS. Simultanément, les neurosciences sont en plein essor. En 1993, L’Histoire de la révolution cognitive d’Henri Gardner est éditée chez Payot. En 1997, Marc Jeannerod fonde l’Institut des sciences cognitives à Lyon.

Carte conceptuelle des sciences cognitivess (Francisco Varela, Evan Thompson, and Eleanor Rosch)Carte conceptuelle de l’état des sciences cognitives en 1991.
Source : The Embodied Mind: Cognitive Science and Human Experience,
by Francisco Varela, Evan Thompson, and Eleanor Rosch, Cambridge, MA: MIT Press, 1991.

Voir le paragraphe de cet article sur les apports des sciences cognitives.

Voir également ce document sur la place du corps dans la cognition (slide 66 et suivantes)

  • Années 2000. Le modèle cognitif computationnel et les modèles liés aux neurosciences (connexionnisme) ont chacun prouvé leurs limites. Les sciences cognitives prennent maintenant davantage en compte les émotions et le corps.
  • Actuellement, une nouvelle approche est en vogue : l’évolutionnisme. La perception et les capacités intellectuelles seraient à mettre en regard des problèmes adaptatifs rencontrés par l’espèce humaine.

Pour une analyse approfondie sur le sujet, nous vous renvoyons à cet article très intéressant et complet.

Qu’est-ce que l’ergonomie cognitive ?

L’ergonomie, au sens large, est une discipline scientifique conçue pour adapter un matériel/produit ou une situation de travail à son utilisateur, afin de maximiser le confort, l’efficacité et la sécurité. On distingue trois types d’ergonomies :

  • L’ergonomie physique étudie les contraintes physiques et les facteurs environnementaux pour améliorer les conditions de travail : postures de travail, bruit…
  • L’ergonomie organisationnelle est une analyse psychologique de l’organisation du travail : communication, télétravail…
  • L’ergonomie cognitive, centrée sur l’homme, étudie les processus mentaux (perception, attention, mémoire…) à l’œuvre lors d’interactions entre les utilisateurs et les produits/systèmes : prise de décision, interaction Homme-Machine…

Contrairement à l’ergonomie physique et à l’ergonomie organisationnelle, L’ergonomie cognitive est une ergonomie du travail mental. Avec l’utilisation grandissante de l’informatique, l’ergonomie cognitive, sous-discipline de la psychologie cognitive, est devenue indispensable.

Voir cette Interview d’Eric Jamet, professeur en ergonomie cognitive à l’Université Rennes 2

Qu’est-ce que la psychologie cognitive ?

La psychologie cognitive est une étude des processus mentaux (langage, mémoire, apprentissage…) conscients et non-conscients (les hallucinations par exemple), en tenant compte des mécanismes comportementaux et des facteurs environnementaux. Nous livrerons prochainement une définition plus détaillée de la psychologie cognitive. D’ici là, sur le thème de la différence entre expert et novice, cette conférence passionnante donne un bel aperçu de la psychologie cognitive.

Voir aussi les tests effectués dans cette vidéo. Essayez de les passer pour vous évaluer !

Cognition versus émotion : le cas du Design émotionnel !

Cognition versus émotionCrédit : Pxhere

 

Traditionnellement, la cognition s’oppose à l’émotion. L’une serait logique, raisonnable et typiquement humaine. L’autre serait irrationnelle, instinctive, animale, voire à l’origine de nos erreurs de raisonnements. Dans notre société, il est conseillé de dépasser ses émotions. Or, en réalité, il y a une interaction entre les émotions et les processus cognitifs. Les émotions ont un impact sur nos pensées, nos jugements et notre créativité. Par conséquent, comme nous l’avions souligné dans notre définition du design émotionnel, prendre en compte la dimension émotionnelle de l’être humain est primordial pour améliorer l’expérience utilisateur (UX).

Quelle est l’utilité de connaître les sciences cognitives pour le designer et l’UX designer ?

connaissance sciences cognitives ux designer pxhereCrédit : PXHere

Avec les sciences cognitives, le designer et l’UX designer identifient mieux les difficultés auxquelles peuvent être confrontés les utilisateurs d’un produit. En effet, une création trop intuitive peut mener à ce que les anglo-saxons appellent Knowledge Blindness/Expert Blindness. Autrement dit, en sa qualité de spécialiste, l’expert devient aveugle aux comportements des utilisateurs « novices » (non-experts). C’est la raison pour laquelle les test utilisateurs sont essentiels !

Dans le domaine cognitif, l’ergonome doit prévoir le raisonnement de l’utilisateur face à une interface, en prenant en compte les potentiels biais cognitifs de l’utilisateur. Pour y parvenir, il utilise trois angles d’approches : le cognitif (les connaissances), l’affectif (la sensibilité, l’émotionnel) et le conatif (l’action ou comportement réel du client/utilisateur). C’est ainsi que l’ergonomie permet d’avoir un point de vue objectif sur le produit/service. D’une certaine manière, l’ergonomie apporte sa science de la conception et l’UX Design fournit les outils.

Bibliographie et webographie

  • Bibliographie très complète sur les sciences cognitives
  • Olivier Houdé, Vocabulaire de sciences cognitives, PUF, Quadrige – Dicos Poche, Paris, 2004 (1re édition 1998).
  • Lynn Nadel (dir.), Encyclopedia of Cognitive Science, Nature Publishing Group, Londres, 2003.
  • Guy Tiberghien, Dictionnaire des sciences cognitives, Armand Colin, Paris, 2003.
  • Robert Wilson & Frank Keil (dir.), The MIT Encyclopedia of the Cognitive Sciences (MITECS), The MIT Press, Cambridge, Massachusetts, 1999.
  • George Miller, The cognitive revolution: a historical perspective Trends in Cognitive Science, 7 (3), 2003.

Articles :

Conclusion

L’idée d’unir différentes disciplines scientifiques pour accéder à une meilleure compréhension du cerveau humain et de ses caractéristiques est née avec les progrès de l’intelligence artificielle. Ensuite, les sciences cognitives ont évolué avec les découvertes issues de la linguistique computationnelle, de la philosophie de la cognition, de l’anthropologie cognitive et des neurosciences. Les sciences cognitives continuent de progresser et s’appliquent dans toutes sortes de domaines, dont l’ingénierie et l’UX design.

 

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