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Définition psychologie cognitive

10/01/2018
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Définition psychologie cognitive
La psychologie cognitive est une étude scientifique des fonctions cognitives humaines : la mémoire, le langage, les perceptions, le raisonnement, la résolution d’un problème… Pour accéder à cette « boîte noire », comprendre les processus cognitifs et prédire les comportements des êtres humains, la méthode de la psychologie cognitive consiste à utiliser des modèles du fonctionnement mental. Ces modèles mentaux s’appuient sur les acquis des sciences cognitives et s’utilisent aussi en ergonomie cognitive.

Qu’est-ce que la psychologie cognitive ?

La psychologie cognitive cherche à décrire scientifiquement la manière dont l’esprit fonctionne. Il existe plusieurs disciplines dont l’objectif est d’étudier l’esprit, d’une manière ou d’une autre : la psychologie clinique, la psychologie sociale, la psychologie du développement, la psychologie différentielle et la psychologie cognitive. Cette dernière s’attache à comprendre les processus mentaux associés aux connaissances pour générer des prédictions comportementales. L’expérimentation et la modélisation sont donc les outils privilégiés de la psychologie cognitive, laquelle occupe une place centrale parmi les sciences cognitives.

Genèse de la psychologie cognitive : l’entrée dans la “boite noire”

Genèse de la psychologie cognitive : l’entrée dans la “boite noire”

Image Pixabay

Les débuts de la psychologie cognitive datent sans doute de l’année 1956, lors d’une réflexion sur l’intelligence menée par Herbert Simon (économiste et sociologue), Noam Chomsky (linguiste), Marvin Minsky et John Mc Carthy (tous deux pionniers de l’intelligence artificielle). Selon eux, l’intelligence humaine pourrait être comparable à celle d’un ordinateur.

L’esprit humain fonctionnerait de manière logique et la cognition serait un calcul symbolique (computation). Cette année là aussi, Herbert Simon et Alan Newell (mathématicien) présentent « Logic Theorist », un programme informatique de démonstration automatique de théorèmes, relevant de l’intelligence artificielle. Alors naît un postulat : “pour décrire la représentation mentale, il serait possible d’utiliser un langage formel”.

En 1960, « l’entrée dans la boîte noire » se concrétise avec la création du Center of Cognitive Psychology à Harvard. Ses fondateurs sont Noam Chomsky et Jérôme Seymour Bruner. L’objectif est de révéler quels mécanismes du cerveau sont à l’œuvre face à la résolution d’un problème. Il n’existe pas qu’une seule voie d’accès à ces connaissances. Au contraire, anthropologues, linguistes, philosophes, etc. doivent apporter leurs compétences et connaissances.

Une origine plus profonde

cognition versus émotion

Image Pxhere

La psychologie cognitive est aussi née grâce aux écoles et aux débats antérieurs en matière de traitement de l’information, de perception, de mémoire, etc. Longtemps, l’introspection a été l’unique moyen d’accès à la compréhension du traitement des informations par le cerveau. C’était la méthode de l’école de Würzburg jusqu’au début du 20e siècle. Or ce n’était pas suffisant pour établir une science. Il était impossible d’avoir des données objectives à étudier.

D’où la naissance du béhaviorisme (ou behaviorisme, ou comportementalisme). À défaut d’avoir accès aux pensées, les comportements, au moins, étaient directement observables. En réaction à cette vision jugée simpliste, s’est développée la Gestalt* (théorie des formes), laquelle a beaucoup influencé la psychologie cognitive.

* Voir notre définition de la théorie de la Gestalt (“le tout est différent de ses parties”).

Avec la révolution de l’information, la psychologie cognitive va plus loin en partant du postulat qu’il faut faire des inférences à partir d’un ensemble de données comportementales. C’est ainsi que se créent les modèles de la psychologie cognitive, élaborés par les cognitivistes.

Dans la vidéo ci-dessous, le Directeur d’Études et Directeur adjoint du Laboratoire de Sciences Cognitives reprend rapidement cet historique et donne des exemples concrets de tests psychologiques menés en psychologie cognitive. Le chercheur aborde aussi une question actuelle, à savoir le lien entre psychologie cognitive et neurosciences. En effet, les années 1980, avec le développement des nouvelles techniques d’imagerie, ont vu la neuropsychologie cognitive naître et se développer.

UX Design et psychologie cognitive : le modèle mental

Le modèle mental est une forme de représentation mentale/cognitive du sujet, consciente ou non-consciente, face à une situation. Le modèle mental de l’individu est la représentation qu’il se fait d’une réalité externe, d’un environnement ou d’un système. Les modèles mentaux guident les sujets dans leur manière de se comporter, leurs choix ou leur façon d’utiliser un outil. C’est aussi la base des différences entre un novice et un expert. Par exemple, un individu peut avoir des bases en informatique, savoir allumer un ordinateur et naviguer sur Internet. Mais son modèle mental de l’ordinateur n’est pas le même que celui d’un informaticien.

psychologie cognitive modèle mentalImage Pixabay
Aperçu du modèle mental comme forme de représentation mentale non-consciente…!

Pour simplifier, dans le cadre d’une interface web, le “bon design” est celui qui correspond au modèle mental de l’utilisateur. L’une des difficultés majeures, en matière de cognition et notamment en UX Design, est de proposer à l’utilisateur un produit en adéquation avec son modèle mental. Or, dans le domaine de l’interaction homme-machine, le concepteur d’un système peut ainsi avoir une représentation mentale qui ne correspond pas au modèle mental de l’utilisateur. C’est ce qu’explique, légèrement agacé, notre confrère Raphaël Yharrassarry quand on lui demande si tout le monde peut être UX Designer ?.

Raphaël répond à la question de savoir si un bon designer peut endosser le rôle d’UX designer :

« Il se trouve que je fréquente de bons designers au sens diplômé d’une école de Design (nul n’est parfait) et bien je crains que leurs formations ne les sensibilisent guère au facteur humain. Ils sont très forts sur les méthodologies de conception, sur de la réalisation graphique ou technique de prototypes, mais parfaitement incapables de déployer une expérimentation pour répondre à une question précise que ce soit en termes de perception ou de conception. C’est là où une formation classique en psychologie fait une différence significative, car une part importante est consacrée à la compréhension et la mise en application d’une démarche scientifique.

Je (toujours Raphaël) citerai pour conclure Jean-Louis Fréchin :
« Le design est à l’ergonomie, ce qu’est l’amour à la procréation médicalement assistée. »

Bibliographie

« Cognitive Psychology » d’Ulric Neisser (New York, Appleton-Century-Crofts, 1967) (réédité en format Kindle en 2014, toujours en anglais), une référence.

  • Card S.K., The Model of Human Processor: A model of making engineering calcu- lations of human performance, Proceedings of the Human Factors Society 25th annual meeting, 1981.
  • Card S.K., Moran T.P., Newell A., The psychology of human-computer interaction, Lawrence Erlbaum Associates, 1983.
  • Norman D.A., Cognitive engineering, User centered system design, Norman & Dra- per (eds.), Lawrence Erlbaum Associates, 1986.

Conclusion

psychologie cognitive âmePhoto Pxhere
Et l’âme dans tout ça ?

Durant la première moitié du 20e siècle, la psychologie s’intéressait avant tout à « l’âme », aux processus mentaux liés à la fonction affective. Progressivement, les psychologues ont cherché à expliquer le fonctionnement de la mémoire, du langage ainsi que les rapports entre perception et apprentissage. Mais c’est avec les progrès de l’intelligence artificielle que la psychologie s’est orientée vers la compréhension des processus cognitifs, sur le modèle du traitement de l’information. Les cognitivistes ont développé leurs recherches grâce à une collaboration interdisciplinaire et à des méthodes innovantes. L’objectif de la psychologie cognitive reste de savoir décrire et comprendre, le plus scientifiquement possible, les mécanismes mentaux humains.

Pour les ergonomes et les designers, avoir des connaissances en psychologie cognitive contribue à offrir une meilleure expérience à l’utilisateur d’un système ou d’un produit. Les biais cognitifs ont par exemple un impact non négligeable sur l’utilisation des interfaces ! Cela fait partie des fondamentaux de la discipline, même si l’UX designer s’appuie également sur sa propre expérience, sans préjuger des résultats. D’où l’importance primordiale des tests utilisateurs. Terminons par le titre un peu iconoclaste de Raphaël : « L’UX sans utilisateur n’est que pornographie. »

 

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