Le critère ergonomique nommé « charge de travail » consiste à optimiser le nombre d’actions demandées à l’utilisateur. Il s’agit pour cela de réduire la charge perceptive ou mnésique. Deux sous-critères participent au critère Charge de Travail : Brièveté (qui inclut les critères Concision et Actions Minimales), et Densité Informationnelle.
Les bonnes questions à se poser :
- Les activités de perception et de mémorisation sont-elles réduites au minimum ?
- Le dialogue est-il simple ?
Pour rappel, ce critère est l’un des 8 critères ergonomiques de Bastien et Scapin dont voici la liste complète.
Liste des critères ergonomiques de Bastien et Scapin
1. Guidage
1.1. Incitation
1.2. Groupement / Distinction entre Items
1.2.1. Groupement / Distinction par la localisation
1.2.2. Groupement / Distinction par le format
1.3. Feedback Immédiat
1.4. Lisibilité
2. Charge de Travail
2.1. Brièveté
2.1.1. Concision
2.1.2. Actions Minimales
2.2. Densité Informationnelle
3. Contrôle Explicite
3.1. Actions Explicites
3.2. Contrôle Utilisateur
4. Adaptabilité
4.1. Flexibilité
4.2. Prise en compte de l’expérience de l’utilisateur
5. Gestion des Erreurs
5.1. Protection contre les Erreurs
5.2. Qualité des Messages d’Erreurs
5.3. Correction des Erreurs
7. Signifiance des Codes et Dénominations
2. Charge de travail
Définition
Le critère Charge de Travail concerne l’ensemble des éléments de l’interface qui ont un rôle dans la réduction de la charge perceptive ou mnésique des utilisateurs et dans l’augmentation de l’efficacité du dialogue.
Justification(s)
Plus la charge de travail est élevée, plus grands sont les risques d’erreurs. De même, moins l’utilisateur sera distrait par des informations non pertinentes, plus il pourra effectuer sa tâche efficacement. Par ailleurs, plus les actions requises seront courtes, plus rapides seront les interactions.
Recommandations
On regroupe des chiffres de manière à simplifier leur mémorisation ou même leur manipulation.
A titre d’exemple, il vaut mieux regrouper les chiffres suivants 0 8 0 0 2 6 8 4 7 1 (ici un format de numéro de téléphone bien connu) pour minimiser l’effort de mémorisation.
- 08 00 26 84 71 (5 chunks de 2 items)
- 0 800 268 471 (4 chunks de 3 items)
Voir en fin d’article les précisions sur la loi de Miller* qui explique parfaitement les raisons de ces regroupements.
2.1. Brièveté
Définition
Le critère Brièveté concerne la charge de travail au niveau perceptif et mnésique à la fois pour les éléments individuels d’entrée ou de sortie et les séquences d’entrées (i.e., les suites d’actions nécessaires à l’atteinte d’un but, à l’accomplissement d’une tâche). Il s’agit ici de limiter autant que possible le travail de lecture, d’entrée et les étapes par lesquelles doivent passer les utilisateurs.
Deux sous-critères participent au critère Brièveté, Concision et Actions Minimales.
Justification(s)
Les capacités de la mémoire à court terme sont limitées. Par conséquent, plus courtes sont les entrées, plus limités sont les risques d’erreurs. Par ailleurs, plus succincts sont les items, plus court est le temps de lecture.
Aussi, plus les actions nécessaires à l’atteinte d’un but sont nombreuses et compliquées, plus la charge de travail augmente et par conséquent plus les risques d’erreurs sont élevés.
Les bonnes questions à se poser
- Les labels sont-ils courts ?
- Les saisies sont-elles réduites au minimum ?
- Le nombre d’étapes pour atteindre un but est-il minimal ?
- Existe-t-il des raccourcis ?
Recommandations
Limiter le travail de lecture, d’entrée et les étapes par lesquelles doivent passer les utilisateurs.
Minimiser les saisies/lectures
Éviter les textes trop verbeux
Accroît le temps de lecture
Augmente les ambiguïtés potentielles
Privilégier la brièveté de l’expérience de recherche
Proposer de simplifier l’inscription lorsque c’est possible
Proposer des valeurs par défaut
Ne pas demander des informations qui peuvent être déduites par le logiciel (pas de calcul mental).
Lorsque l’application dispose des informations de l’utilisateur par exemple, il est bon de les rappeler pour assurer qu’il s’agit bien du bon compte que le l’on souhaite utiliser et ne surtout pas demander leur ressaisie par l’utilisateur. Tout ce qui est connu du système doit être restitué pour simplifier l’usage de l’application.
De même, l’application doit proposer le calcul automatique et toutes les étapes intermédiaires de telle manière que l’utilisateur n’ait que les données de base à saisir.
2.1.1. Concision
Définition
Le critère Concision concerne la charge de travail au niveau perceptif et mnésique pour ce qui est des éléments individuels d’entrée ou de sortie. Par convention, la Concision ne concerne pas le feedback ni les messages d’erreurs.
Justification(s)
Les capacités de la mémoire à court terme sont limitées. Par conséquent, plus courtes sont les entrées, plus limités sont les risques d’erreurs. Par ailleurs, plus succincts sont les items, plus court est le temps de lecture.
Recommandations
Objectif :
Réduire les activités de perception et de mémorisation
Pourquoi ?
Pour réduire la charge mentale et les risques d’erreurs
Comment ?
Limiter les éléments afficher au strict minimum, utiliser le « dévoilement progressif »
Exemple de dévoilement progressif (« Progressive disclosure ») destiné à e pas présenter trop de boutons à l’utilisateur
Exemples de recommandations
Lorsqu’une unité de mesure est associée à un champ de donnée, celle-ci doit faire partie du label du champ plutôt qu’être saisie par les utilisateurs.
Réduire la taille des liens
Créer des liens courts pour la mémorisation comme sur notre site 😊
Permettre aux utilisateurs des entrées de données courtes.
Pour les données numériques, la saisie des zéros précédant les nombres ne devrait pas être nécessaire.
Pour rappel, c’est en 1956 que George Miller a mis en lumière les limitations humaines à traiter l’information. Connue sous le nom de « loi de Miller », le nombre d’unités qu’un individu peut traiter simultanément comporte un maximum estimé à 7, plus ou moins 2. On parle du nombre magique de Miller. Bien entendu, la nature de ces unités dépend des situations (n items d’un menu de navigation, n chiffres, n syllabes, n mots, n phrases etc.), mais le maximum reste à peu près le même, quelles que soient les unités. Miller a donné le nom de chunks à ces unités. La capacité mnésique varie d’un individu à un autre, mais il vaut mieux proposer moins de 7 items (chunks) à mémoriser. Il y a donc une limitation de la saisie perceptive, de l’attention et de la mémoire à court terme. On l’appelle capacité limitée, ou empan. Cela correspond à ce qui est aussi traditionnellement nommé champ d’appréhension.
Un formulaire trop riche en champs de saisie ne respecte en rien le principe d’une concision indispensable ici pour achever la tâche dans un temps raisonnable.
Ici le texte de la bulle d’aide est bien trop dense. Une plus grande concision serait préférable.
En revanche, une structuration de l’assistance à la saisie sous forme de liste avec des indicateurs de complétion du champs, est une véritable aide visuelle pour l’utilisateur.
Dans cet exemple, lorsqu’il est possible d’escamoter une partie des informations non indispensables (ici les détails), le principe de concision est à l’œuvre.
Le champs “commentaires” et les détails sont fermés par défaut.
Mais il est possible d’afficher ces champs selon l’usage que l’on souhaite.
Si le détail est très dense ici, c’est le choix de l’utilisateur de l’afficher ou non.
2.1.2. Actions Minimales
Définition
Le critère Actions Minimales concerne la charge de travail quant aux actions nécessaires à l’atteinte d’un but, à l’accomplissement d’une tâche. Il s’agit ici délimiter autant que possible les étapes par lesquelles doivent passer les utilisateurs.
Justification(s)
Plus les actions nécessaires à l’atteinte d’un but sont nombreuses et compliquées, plus la charge de travail augmente et par conséquent plus les risques d’erreurs sont élevés.
Recommandations
Objectif
Réduire le nombre d’actions demandées à l’utilisateur
Pourquoi ?
Pour limiter les actions de l’utilisateur et les risques d’erreurs
Comment ?
Préremplir les champs, retenir les préférences utilisateur…
Exemples de recommandations
La sauvegarde automatique sur Google document avec historique, une action en moins !
Autres exemples de recommandations
- Lister les différentes actions à entreprendre et les trier par ordre d’importance
- Minimiser le nombre d’étapes dans la sélection de menus.
- Ne pas demander aux utilisateurs d’entrer des données qui peuvent être déduites par l’ordinateur.
- Éviter les ponctuations pour les entrées de commandes.
- Pour la saisie de données, afficher dans les champs appropriés, les valeurs par défaut.
- Pour des documents contenant plusieurs pages, il devrait être possible d’atteindre une page donnée sans avoir à parcourir les pages intermédiaires une à une.
2.2. Densité informationnelle
Définition
Le critère Densité Informationnelle concerne la charge de travail du point de vue perceptif et mnésique, pour des ensembles d’éléments et non pour des items.
Justification(s)
Dans la plupart des tâches, la performance des utilisateurs est influencée négativement quand la charge informationnelle est trop élevée ou trop faible. La probabilité d’erreur augmente. Il faut donc supprimer les éléments sans lien avec le contenu de la tâche en cours.
Il faut aussi éviter d’imposer à l’utilisateur la mémorisation de longues et nombreuses informations ou procédures (la mémoire à court terme est limitée), ou toute activité nécessitant de sa part la mise en œuvre d’activités cognitives complexes lorsque la tâche ne le requiert pas.
Exemples de recommandations
Limiter la densité informationnelle de l’écran, en affichant seulement les informations nécessaires.
Trop grande densité informationnelle
Densité informationnelle : l’essentiel à l’écran pour un impact émotionnel maximal
Densité informationnelle : éviter de surcharger les écrans de fonctionnalités
Densité informationnelle : éviter de surcharger les commandes
Densité informationnelle : éviter de surcharger un email présentant une offre
En revanche, simplifier la lisibilité de l’offre et mettre en avant le bouton d’incitation
- L’information ne doit pas nécessiter des traductions d’unités.
- Utiliser le minimum de quantificateurs, notamment dans les langages de requêtes.
- Éviter à l’utilisateur d’avoir à se rappeler des données d’une page écran à une autre.
- Les données qui peuvent être calculées à partir de celles saisies par l’utilisateur doivent l’être automatiquement. On ne doit pas exiger de l’opérateur d’effectuer des calculs qui peuvent être faits automatiquement.
Voir le critère ergonomique N°1 : Le guidage
Voir la présentation des 8 critères ergonomiques de Bastien et Scapin
Lire aussi :
- Qu’est-ce que l’ergonomie ?
- Qu’est-ce que la psychologie cognitive ?
- Qu’est-ce que les sciences cognitives ?
- Qu’est-ce que les critères ergonomiques de Bastien et Scapin ?
- Qu’est-ce que la loi de Fitts ?
- Qu’est-ce que la loi de Miller ?
- Qu’est-ce que la loi de Théorie de la Gestalt ou Lois de la Gestalt ?
- Qu’est-ce que la loi de Hick ?
- Qu’est-ce que l’UX Research, User Research ou recherche utilisateur ?