Nous le répétons à travers nos différents articles, les tests utilisateurs sont essentiels dans la démarche de conception centrée utilisateur.
Or, la mise en place de tests utilisateurs nécessite une logistique matérielle et humaine spécifique, qui passe notamment par l’aménagement d’une salle de test utilisateurs, où sont effectués les tests utilisateurs ainsi que d’une salle d’observation, d’où les observateurs peuvent suivre les sessions sans perturber leur bon déroulement.
Nous vous présentons ici la démarche des tests utilisateurs ainsi que la manière d’aménager une salle de test.
Les tests utilisateurs
Les tests utilisateurs permettent de détecter les problèmes que les utilisateurs peuvent rencontrer lors de l’utilisation d’une interface en les observant en situation.
En fonction de la maturité du projet, on peut réaliser des tests sur différents supports : maquettes papiers, maquettes interactives, prototypes développés, etc.
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Le but des tests utilisateurs sur maquettes, lors des phases de conception, est de détecter et de corriger au plus tôt les problèmes de l’interface. Cela permet d’éviter des développements inutiles et le déploiement d’une application ou d’un site proposant une interaction inadaptée aux utilisateurs.
Le contexte d’utilisation
Lors des tests utilisateurs, il est important de se rapprocher au maximum du contexte d’utilisation réel. Le simple fait d’être observé ne permet pas à l’utilisateur d’utiliser l’interface comme il ferait dans sa vie de tous les jours. Ce contexte d’utilisation varie beaucoup en fonction de l’interface testée. On retrouve parmi ces critères :
- Le lieu : au travail, chez soi, dans le métro.
- Le terminal : mobile, pc, tablette, télévision interactive.
- Etc.
Test « in situ » et test en salle de test
On distingue ainsi deux types de tests : les tests en laboratoire, qui se déroulent dans une salle de test conçue à cet effet et les tests « in-situ », qui se déroulent à l’endroit où le site ou l’application est réellement utilisée.
Les tests in situ permettent donc de se rapprocher au plus près du contexte d’utilisation réel. Cependant il est parfois difficile de réaliser ces tests de manière rigoureuse.
En effet, lors d’un test utilisateur les ergonomes suivent un protocole de test afin de s’assurer que les utilisateurs réalisent les tâches dans un contexte similaire. Ce protocole permet ensuite des comparaisons entre les différents tests effectués.
Or, lors d’observations in-situ, il est difficile de garantir que les observations des utilisateurs se déroulent dans un contexte identique. Par exemple, lors de l’observation d’une application bureautique au bureau de l’utilisateur, celui-ci peut être amené à répondre à un appel ou être interpellé par un collègue.
Par ailleurs, le test in-situ demande davantage de temps de réalisation du fait des déplacements sur les lieux où se trouvent les utilisateurs.
Les tests en laboratoire, quant à eux, permettent de reproduire un protocole identique pour toutes les observations. Cela permet ensuite de réaliser des statistiques basées sur les modèles issus des sciences humaines afin de généraliser les résultats.
Comme expliqué dans la suite de cet article, les tests en laboratoire permettent également d’enregistrer l’activité de l’utilisateur et d’avoir des observateurs présents lors des tests.
Description d’une salle de test
Un laboratoire de test est constitué de deux espaces distincts : une salle d’observation et une salle de test.
Salle d’observation
La salle d’observation est la salle où les processus d’utilisation sont observés par les ergonomes et/ou par les clients demandeurs du test utilisateur.
L’élément principal qui constitue cette salle est un miroir sans tain qui permet aux observateurs de voir ce qui se déroule dans la salle de test sans que les participants à ce test ne soient dérangés par les observateurs. Pour garantir l’efficacité de ce miroir sans tain, la salle d’observation doit être plongée dans le noir : l’utilisation d’un rideau occultant pour les fenêtres est impérative.
Pour permettre aux observateurs de voir ce qu’il se passe sur l’interface testée (ordinateur, mobile, tablette, etc.), un dispositif de retransmission du son et de l’écran est mis en place. On trouvera dans la salle d’observation, des enceintes et une table de mixage permettant la retransmission du son ainsi qu’un écran permettant la retransmission de l’image. Les différents éléments étant reliés au matériel présent dans la salle de test.
Pour certains tests, et notamment lorsque des observateurs étrangers sont présents, un traducteur assure la traduction simultanée. Il faudra de préférence prévoir un espace dédié pour le traducteur avec un matériel adapté : table de mixage et micro-casque. Si le traducteur se trouve dans la même pièce que les observateurs il pourrait être déconcentré par les discussions.
Salle de test
Dans la salle de test utilisateurs, l’utilisateur participant au test et l’ergonome sont positionnés côte à côte.
L’utilisateur est positionné devant l’interface qu’il va tester (écran d’ordinateur, interface mobile ou tablette) et l’ergonome se positionne à côté de lui en observateur. Pour la prise de note, l’ergonome peut disposer soit d’un ordinateur, soit plus simplement d’un bloc note selon sa préférence. Le dispositif papier crayon favorise souvent la relation entre le testeur et l’ergonome. Il faut quoi qu’il arrive éviter que l’ordinateur de prise de note crée une séparation entre l’utilisateur et l’ergonome.
À proximité du testeur, se trouve un micro omnidirectionnel, permettant aux observateurs de la salle d’observation d’entendre les discussions et les remarques faites par le participant sur le dispositif testé.
Dans le cas d’une interface sur ordinateur, un logiciel d’enregistrement de l’écran (Morae, Camtasia) permet de recueillir des données quantitatives (chemins empruntés, nombre de clic, temps de réalisation…) qui pourront être analysés par l’ergonome suite au test. Ce type de logiciel permet également d’enregistrer la vidéo du visage du testeur, ce qui permet de percevoir ses réactions émotionnelles face aux différentes tâches qu’on lui demande d’exécuter.
Dans le cas d’une interface mobile ou d’une tablette, une petite caméra disposée sur un bras articulé est positionnée au-dessus de l’interface permettant la retransmission de ce qu’il se passe à l’écran pour les observateurs présents dans la salle de test. L’avantage de ce dispositif est de capter les mouvements des mains sur la vidéo. Un simple enregistrement de l’écran ne permettrait pas d’identifier les hésitations de manipulations tactiles.
Pour tout type d’interface, une caméra haute définition positionné sur un pied est placé en direction du testeur et de l’ergonome ce qui permet d’avoir une vue globale de la session de test. Ce dispositif est d’autant plus pertinent lors de tests sur des objets interactifs (électroménager, téléviseur, objets connectés, etc.).
Conclusion
Qu’il soit possible ou non de mettre en place un laboratoire de test utilisateur, l’important est quoi qu’il arrive de tester. On parle parfois même de test “guerilla” qui sont réalisés avec un protocole très simplifié. Notre message, que nous ne répéterons donc jamais assez, reste : testez, testez, testez…
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Prochaines dates : 6 décembre 2024