Les tablettes tactiles, l’iPad 2 et ses concurrents arrivent en force pour séduire le grand public. Malgré des prix assez élevé – autour de 500€ tout de même, il devrait s’en vendre 70 millions dans le monde en 2011, soit 4 fois plus qu’en 2010. (article de tablette-store.com). D’ailleurs, plusieurs études confirment que les utilisateurs de tablettes utilisent moins leur PC : selon la régie publicitaire AdMob, 43 % des propriétaires de tablettes disent passer plus de temps sur ce nouvel écran que sur leur ordinateur (article du journaldunet.com).
Dans cet article nous abordons comment ce nouveau marché influence déjà les usages, le besoin d’interactivité et bien sûr la conception d’interface. Certains secteurs comme la presse y voient déjà de nouvelles opportunités pour mêler interactions tactiles et contenus interactifs.
La presse se rue sur les tablettes tactiles
Le succès des tablettes auprès du grand public ne sera bientôt plus à démontrer. Ce que grand nombre d’entreprises ont rapidement compris. Les éditeurs de presse en tête, qui ont vu dans les smartphones et tablettes, un moyen de redynamiser leurs ventes. Les Echos (réalisé par visuamobile) ont été dans les premiers à lancer leur application iPad, rapidement suivis par Télérama (telerama.fr/ipad) ou encore Libération.
Application Les Echos pour iPad
NewsCorp (entreprise de presse fondée par le célèbre Rupert Murdoch) a même lancé en juin un magazine uniquement dédié à l’iPad, The Daily (article de generation-nt.com). Le magazine Les clés de la presse, dédié aux éditeurs de presse, a même créé une page Facebook sur l’iPad (facebook.com/Cles.de.l.ipad.pourlapresse), croyant dur comme fer aux avantages de la tablette pour la presse. Et il n’est pas le seul ! (article de l’observatoiredesmedias.com)
Un engouement qui ne se limite pas aux entreprises de presse écrite. France 24 a réalisé des documentaires spécialement dédié aux tablettes (article de readwriteweb.com) et ABC News met ses archives dans une e-librairie consultable sur tablette (article de actualitte.com). L’édition s’intéresse elle aussi de près aux tablettes (article de 20minutes.fr). La Réunion de musées nationaux a développé une application permettant de consulter le catalogue de l’exposition Monet sur l’iPad et aussi un outil dédié aux plus jeunes, pour accompagner l’exposition d’Odilon Redon (article de idboox.com).
Application iPad de l’exposition d’Odilon Redon
La tablette, à la fois magazine, livre, ordinateur et TV
Confort d’usage
Mais pourquoi un tel engouement ? Pour le confort d’utilisation, tout d’abord. Parce que, finalement, de par son format (un petit A4), sa légèreté (aux alentours de 600g pour l’iPad 2), l’utilisateur a l’impression de tenir en main un livre ou un magazine. Un magazine au design agréable, avec un écran de qualité, à l’interface graphique soignée.
Des fonctionnalités que l’utilisateur active ou non, selon ses désirs, depuis son canapé ou en situation de mobilité. C’est certainement l’une des clés du succès : la posture d’usage est libérée dans l’habitat. Plus besoin de s’installer derrière un bureau ou d’attendre que l’ordinateur portable s’allume laborieusement pour accéder à Internet, jouer ou ajouter un évenèment à son agenda. Quel que soit son âge, étant donnée la simplicité d’utilisation, tout le monde est susceptible d’utiliser l’iPad : il existe des applications pour les bébés (article sur enfant.com) et pour les séniors (article sur habitat-social-connecte.fr).
Utilisation centrée application
Le confort d’usage n’est pas la seule explication à cet enthousiasme sucité par les tablettes. L’interface centrée sur l’usage est une composante fondamentale du succès. Avec l’iPhone, puis l’iPad, Apple a proposé une nouvelle vision de l’interaction informatique. En effet, grâce au système d’exploitation mobile (iOS) l’utilisateur interagit très simplement avec ses contenus et services. Ici, pas d’explorateur de fichiers qui oblige l’utilisateur à ouvrir une succession de dossier pour trouver et éditer un document, mais une interaction directe par application. L’utilisateur ouvre une application qui propose un usage précis et lui permet de profiter de ses contenus, sans avoir à ce demander « où est ce fichier », « où est installé ce programme ? », « Avec quel logiciel ouvrir ce fichier ? » etc. C’est donc toute la perception du fonctionnement du système qui est largement clarifiée. D’autre part, l’installation des applications est elle aussi facilitée en comparaison d’un ordinateur classique.
Ce nouveau paradigme d’interaction commence d’ailleurs à s’appliquer aux systèmes d’exploitation (voir OS X Lion de Apple). On peut donc imaginer que les tablettes et smartphones, sous diverses formes, pourraient succéder aux ordinateurs. Indicateur de cette tendance : en 2010 il s’est vendu plus de terminaux mobiles que d’ordinateurs (article CNN).
Des contenus vivants
Pour la presse, comme pour l’édition, c’est l’occasion de proposer un contenu interactif sur un support qui ressemble à un livre, un rapport avec le support qu’on ne retrouve pas avec l’ordinateur. (Alertbox de Nielsen sur la lecture sur tablette). « Les tablettes offrent une interactivité particulière qui permet de retomber dans un monde plus matériel, explique Thomas Bijon, du département multimédia de la Réunion des musées nationaux (RMN). Alors que la souris de l’ordinateur crée de la distance, l’écran tactile permet d’établir un contact charnel avec le matériel. » Et la qualité d’image de l’iPad permet de proposer une mise en image de qualité, ce qui n’était pas vraiment possible avec le livre numérique, en noir et blanc.
Application iPad de la réunion des musées nationaux
De belles interfaces avec des contenus interactifs, le véritable plus par rapport aux supports papier : le lecteur peut visionner des vidéos, écouter des sons, lancer des diaporamas, prendre des notes, marquer des pages, accéder au fil de sa lecture aux notes de bas de page… Les possibilités sont multiples ! RMN voit un autre gros avantage pour les beaux livres numériques qu’il publie : celui de proposer les photos des œuvres présentées en haute définition, pour que le lecteur puisse faire des zooms et voir de près le travail de l’artiste. Et cela à un moindre coût : quand le livre papier sur l’exposition Monet coûte 9 euros, le livre numérique disponible sur l’iPad n’est qu’à 4,99 euros. De même, le Télérama numérique ne coûte que 1,99 euros contre 3 euros pour la version papier.
Si ces fonctionnalités d’interactivité existent généralement pour les smartphones, les tablettes offrent l’avantage du grand écran qui permet plus de confort et donc une consultation prolongée. Si bien que certaines entreprises les utilisent pour faire des démonstrations en magasin : les tablettes ne remplacent pas que les ordinateurs et les livres, mais aussi les plaquettes de présentation !
Chez France 24, on pense même que les tablettes concurrencent la télévision, de par leur simplicité d’utilisation, leur confort visuel et la possibilité qu’elles offrent de choisir le programme que l’on souhaite regarder. C’est une combinaison entre l’avantage qu’offre Internet de pouvoir visionner des programmes à la demande et le confort du canapé jusqu’ici réservé au téléviseur.
Application de France 24 pour iPad
Et ils ne s’y trompe pas puisque qu’une étude rapporte que les utilisateurs de tablette passeraient jusqu’à 5 fois plus de temps sur les sites de news que les internautes avec leur pc (article sur presse-citron.net).
Recommandations pour la conception des applications tactiles
- Proposer une application pour tablettes tactiles en accord avec son secteur d’activité (un livre de recettes interactives pour Nestlé Dessert, un compagnon de voyage pour le Guide du Routard…)
- Apporter un réel plus à l’utilisateur en utilisant les possibilités d’interactivité et dépasser ce qu’apporte un support statique
- Séduire et privilégier l’utilisateur par une navigation immersive et des contenus originaux
- Réduire les fonctionalités de l’application pour aller à l’essentiel et rester simple
Des marques et des griffes
Pour communiquer, les marques investissent bien entendu sur les tablettes. C’est aussi l’occasion de créer du buzz en proposant des applications ludiques. C’est le cas de Friskies…
Devant tant de caresses pour ces tablettes, les chats risquent de se sentir délaissé ! Friskies s’est donc chargé de réduire ces potentielles frustrations en proposant une application dédiée à nos amis à poils.
Conclusion
Les possibilités d’interactions des tablettes sont donc multiples et visent la simplicité. Les entreprises qui ont lancé leurs applications ne s’y sont pas trompées. Même si pour l’instant l’objectif est plutôt un objectif d’image, les utilisateurs de tablettes n’étant pas très nombreux. La rentabilité n’est donc pas encore au rendez-vous mais il n’était pas possible pour certaines grandes entreprises (les éditeurs de presse en tête) de passer à côté d’une telle innovation. « Pour la presse, il y a un véritable enjeu de présence : il faut être présent sur l’iPad, insiste Jérémie Engel, pdg de l’agence spécialiste des terminaux mobiles Visuamobile. D’une manière générale, les marques ont appris que les tablettes faisaient partie de la stratégie multi-écran, au même titre que les smartphones aujourd’hui ou que les TV connectées demain. » D’autant plus que cela pourrait leur permettre de toucher des cibles de jeunes et/ou de technophiles qui ne sont pas naturellement lecteurs de presse ou visiteurs d’expositions de peinture. « Nous espérons donner aux techlovers l’envie de s’intéresser à l’art », déclare Thomas Bijon (RMN).
Dans un autre article nous abordons de manière plus précise l’interaction que proposent l’iPad et les recommandations ergonomiques (tactiles) qui en découlent.
Note : Nous proposons une formation sur l’ergonomie pour les interfaces mobiles et tactiles. N’hésitez pas à nous contacter pour plus d’information.