Le parcours de notre formatrice IHM
Bonjour, Sophie, peux-tu te présenter à nos lecteurs qui deviendront peut-être tes futurs stagiaires ?
Je suis Sophie Hamon. Je suis UX designer et plus spécifiquement UX researcher. C’est ma spécialité dans la discipline. Je travaille chez Usabilis depuis un an et un mois très précisément, en tant que consultante formatrice UX designer.
Au sein de l’agence Usabilis, j’exerce vraiment ma spécialité d’UX researcher en prenant en charge tout ce qui est tests utilisateurs, entretiens, observations et audits UX.
Ma spécialité concerne surtout les premières parties de projet. En phase d’évaluation, ou en phase de recueil des besoins des utilisateurs de nos clients.
Peux-tu revenir sur ton parcours professionnel à travers quelques expériences emblématiques ?
Je suis une « reconvertie » de l’UX. J’ai fait des études en communication, domaine peu éloigné de l’UX, et des études en géopolitique. J’ai commencé ma carrière par un volontariat dans la Marine nationale. J’étais chef de cabinet de l’escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque à Toulon. J’ai ainsi pu embarquer en sous-marin. Sur ma checklist, ça s’est fait !
J’ai pas mal travaillé dans l’événementiel ensuite, entre la France et l’Angleterre. Puis, vers 30 ans, je me suis reconvertie. J’ai suivi un cursus à Digital Campus, comme pas mal de mes collègues au sein de l’agence Usabilis d’ailleurs. Cela m’a permis de décrocher un stage dans la start-up Be Sport.
Je me suis peu à peu spécialisée en UX research parce qu’il y avait un énorme besoin de connaissance des utilisateurs finaux. J’ai commencé à faire des thèses en établissant des journaux de bord et diverses techniques à notre disposition pour connaître les utilisateurs.
Après Be Sport, je suis entrée en tant que product owner chez Dassault Systèmes.
Cela m’a permis de découvrir une autre facette des métiers du digital. J’avais des équipes à gérer, composées d’UX designers et d’UI designers. Le product owner se trouve au carrefour des parties prenantes, des designers et des développeurs, ce qui m’a offert une vision globale du processus.
Nous utilisions la méthodologie Scrum agile, ce qui m’a permis de comprendre le rythme des équipes, des clients, toutes les contraintes de la technique. J’ai acquis à cette occasion une meilleure compréhension des contraintes de développement.
Finalement, je suis revenue à mon rôle de designer parce que le contact des utilisateurs me manquait. J’ai donc rejoint Usabilis depuis un an. Cette expérience du rôle de product owner me permet de bien accompagner les clients dans leurs besoins.
Chez Be Sport et chez Dassault Systèmes, tu as travaillé sur quel style de produit ?
Chez Be Sport, le produit de la start-up était une application et un site web. C’est un réseau social pour les sportifs amateurs.
Chez Dassault Systèmes, je faisais partie de l’équipe de communication corporate, ce qui signifie que je travaillais sur les sites corporate. J’étais principalement responsable des blogs, hébergés sur WordPress avec le soutien d’une agence externe, ainsi que sur des sites corporate comme le site dédié à l’éducation, entre autres.
Donc j’ai fait une refonte du site éducation sur un framework de Drupal. L’enjeu était de reconstruire pour aider les équipes responsables et les équipes marketing du site à mieux répondre aux besoins de leurs utilisateurs, qui étaient soit des étudiants, soit des employés en formation continue.
Comment Sophie est-elle passée d’UX researcher à formatrice IHM ?
Qu’est-ce qui t’a amené à devenir UX Designer et formatrice chez Usabilis ?
En fait, je connaissais Usabilis de réputation. Ce sont des pionniers de l’UX en France. Le livre de Jean-François Nogier est une référence dans le domaine, en France, tout comme le blog Usabilis sur lequel on trouve toutes les bases de l’UX.
Lorsque j’ai décidé de me reconvertir, j’ai beaucoup travaillé à partir du blog et du livre. Je connaissais donc déjà les personnes de l’agence et leur état d’esprit. Le hasard a voulu qu’ils viennent donner une formation chez Dassault. C’est ainsi que j’ai rencontré Maxence et que j’ai décidé de rejoindre Usabilis. En fait, j’ai fait le parcours inverse de la plupart des gens : je suis passée du côté client au côté prestataire, plutôt que l’inverse.
Le fonctionnement de l’agence Usabilis vu de l’intérieur
Ce qui m’a particulièrement attirée, c’est l’aspect agence, notamment leur fonctionnement en studio. Je ne voulais pas rejoindre une agence qui place ses employés dans une entreprise en régie pour ensuite ne plus les revoir pendant deux ans. J’avais besoin de cette dynamique d’équipe, de collaborer avec d’autres designers.
Ici, on peut compter sur les connaissances des collègues. Souvent, un designer se retrouve isolé dans son entreprise. Le côté agence, où l’on travaille sur une variété de projets dans des domaines très divers, est ce que je préfère dans mon métier.
Une semaine, je parle d’assurance-crédit, la suivante, je peux être chez un industriel, puis dans une banque, et ensuite chez un éditeur de logiciels. Dans le cadre de la recherche, on a une sorte de carte blanche pour poser toutes les questions que l’on souhaite aux gens. Tu découvres plein de métiers et c’est assez génial.
Qu’est-ce que tu aimes dans ton métier de formatrice ?
Déjà, ça satisfait une curiosité sans fin. Même pendant les formations, c’est un peu pareil. Parce que soit on donne une formation dans une entreprise qui a sa propre culture, soit parce qu’on reçoit des gens d’horizons divers qui viennent faire une formation à l’agence.
C’est toujours l’occasion d’échanger sur leurs problématiques quotidiennes, de projeter, de découvrir sur quels outils ils travaillent, quels sont leurs produits. Le métier de designer, de toute façon, c’est toujours la curiosité et s’adapter aux différents environnements. Évidemment, on fournit des clés méthodologiques qui permettent d’avoir des outils qui s’adaptent partout.
Mais ensuite, chaque situation est unique. Donc, tu n’as pas trop de répétition dans ce que tu fais, et ça, c’est agréable.
Que peux-tu dire de ta formation à tes futurs stagiaires ?
Je dispense une formation sur notre module appelé « Formation IHM » (Interface Homme-Machine). Il s’agit d’une formation de cinq jours qui constitue vraiment le socle de notre offre. Elle permet de découvrir ce qu’est l’UX, son utilité, pourquoi l’utiliser, ainsi que les avantages d’appliquer des méthodes centrées sur l’utilisateur dans la conception des produits.
On y aborde ensuite les différentes méthodologies que nous suivons au quotidien dans nos projets, en commençant par l’évaluation d’un système, le recueil des besoins, la structuration et la conception. C’est l’occasion de partager avec les stagiaires ce que je fais au quotidien, tout en leur apportant des anecdotes, des exemples concrets et des astuces pratiques. Par ailleurs, nous préparons une formation dédiée à l’UX Research qui sera bientôt disponible.
Le rôle des expériences vécues dans la formation
Comment utilises-tu ton expérience professionnelle dans ton métier de formatrice ?
En réalité, mes expériences me servent simplement à illustrer la théorie. La formation comporte un socle théorique important qui, comme toute théorie, n’est pas toujours facile à assimiler. Cela me permet donc d’apporter des exemples concrets. Je me rends compte, à travers mes expériences passées ou mes projets chez Usabilis, que cela résonne avec ce que les participants vivent au quotidien.
Échange d’expériences vécues
Je partage mes expériences avec mes stagiaires et ensuite ils me racontent les leurs. On peut alors soit essayer de résoudre ensemble les problèmes qu’ils rencontrent, soit faire un retour d’expérience sur ce qu’ils ont vécu. Ça leur permet de comprendre au mieux les concepts UX. Ils se disent : « OK, si j’avais appliqué cette théorie, j’aurais pu organiser cet atelier, ou franchir cette étape, on a oublié de faire telle chose, et c’est ce qui pourrait améliorer mon workflow au quotidien. »
Les anecdotes permettent vraiment d’ancrer dans le réel ce qu’on raconte de manière théorique. Et puis, c’est souvent finalement ce que les gens vont retenir.
La première chose dont je parle, c’est un peu l’évangélisation de l’UX au sein de l’entreprise. Il reste encore quelques entreprises où la démarche centrée utilisateur n’est pas tout à fait connue ou adoptée.
Souvent, on se retrouve avec des équipes produit et designers un peu seules contre leur hiérarchie ou leurs collègues et qui ont du mal à convaincre. Je donne des tips de « comment j’ai fait pour montrer qu’en fait, c’était une manière de travailler qui permet d’améliorer les temps de dev, d’optimiser le projet et surtout de pacifier un peu les relations entre les gens ». Je leur dis qu’il faut lancer un test, même s’il n’est pas dans des conditions parfaites, pour montrer la valeur de ce genre de travail directement, plutôt que d’aller l’expliquer pendant des heures. « Essayez de faire un mini-test et montrer le résultat ! »
Une des anecdotes que je partage avec mes stagiaires
C’est une expérience qui s’est déroulée en deux étapes dans la société pour laquelle je travaillais.
Lors de la première phase, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas d’UX research en place, en tout cas pas auprès des utilisateurs finaux. Et il se trouve qu’un jour, un petit conflit s’est fait jour sur les termes et les icônes à employer sur une application. Il s’agissait de la Tab bar en bas de page. C’était vraiment un détail. Mais les personnes de l’équipe étaient en train de s’échauffer et tout le monde voulait avoir le dernier mot. J’ai utilisé cette occasion pour sonder dix personnes de mon entourage et je suis revenu avec un compromis. J’ai ainsi démontré qu’il valait mieux écouter les utilisateurs. Ils donnent toujours la solution qui leur convient.
Dans un deuxième temps, cet événement m’a permis de convaincre mes supérieurs d’organiser des tests utilisateurs dans les règles de l’art. Avec une agence UX, j’ai organisé des tests utilisateurs filmés qui étaient retransmis en direct sur grand écran dans notre salle de réunion. C’était comme au cinéma. Toute la journée, les membres de l’équipe ont pu assister aux tests et découvrir comment les utilisateurs finaux comprenaient (ou pas !) notre produit. Quand on voit les utilisateurs en direct se heurter à un problème, il n’y a plus de débat.
Toute l’équipe (les personnes du marketing, du développement, les data scientists) a vu en direct les gens utiliser leur application, ce qu’ils avaient développé, ce qu’ils avaient pensé, ce qu’ils avaient vendu. Ils ont donc pu comprendre ce qui marchait et ce qui ne marchait pas.
Ça a d’abord eu comme apport positif de les inclure dans la méthode de recherche et dans l’UX plus généralement. Lorsqu’on voit un utilisateur galérer sur une fonctionnalité qu’on a repérée comme n’étant pas très ergonomique, il n’y a plus d’argument possible contre. On ne peut pas nier ce qui est en train de se passer en direct devant soi.
Donc, on transforme la croyance en fait, et ça, ça vient apaiser les relations entre les différentes personnes et les différentes équipes et ça permet de rappeler à tout le monde qu’on travaille ensemble.
C’est en ça que je trouve mon métier complet et passionnant, je crée du lien entre les utilisateurs et le produit, mais aussi entre les parties prenantes.
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