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Écran géant, double écran : des outils en vogue, des contraintes spécifiques

09/10/2008
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Une évolution technologique

Écran géant, double écranAu fur et à mesure de l’évolution des tâches réalisées grâce à différents logiciels et applications, les besoins en visualisation d’information affichées en simultané augmente. De plus, la possibilité de produire à des couts « raisonnables » des écrans plats, TFT ou LCD, permet de faire disparaître la « barrière naturelle » de la profondeur des écrans CRT: un écran TFT de 21 pouces en 2008 sera globalement aussi fin qu’un 15 pouces. De ce fait, on peut observer un accroissement important des diagonales des moniteurs aujourd’hui proposés.

Une évolution des besoins

Mais des configurations spécifiques apparaissent, notamment avec l’apparition des salles de contrôle pour la surveillance de process (industrie laitière, production d’engrais, ou, plus simplement, centrales nucléaires). Ces configurations proposent le plus souvent de multiples écrans, chaque écran étant dédié à la surveillance de l’évolution d’un paramètre ou d’une étape donnée du process. Ces configurations en « écran multiple » sont aujourd’hui courtisées par d’autres types de secteur d’activité que la surveillance de process, et notamment, dans le secteur des services, de la création graphique… Dans certains cas, des « effets de mode » seraient observables, avec l’implantation d’écrans surdimensionnés ou d’écrans dédoublés (voire plus) sans tenir réellement compte des besoins utilisateurs réels.

La recherche d’une amélioration de la productivité

La tentation d’un passage vers un écran « dédoublé » pourrait provenir notamment de diverses études, ayant conclu que l’implantation de ce type de matériel pouvait permettre un accroissement de la productivité significatif, évalué souvent à 10% de gain environ.
Ce gain est à considérer avec prudence: en effet, ce type de matériel correspond à des problématiques spécifiques de tâches multiples. Une mauvaise étude de ces besoins spécifiques, et des besoins fonctionnels métier, pourra amener le choix d’un matériel ne répondant pas à la problématique des utilisateurs.

Avantages et inconvénients: liste non exhaustive

On peut déjà distinguer quelques avantages et inconvénients de ce type de matériel.

Un pré-requis fondamental sera d’apprécier si l’ensemble des applications sont bien compatibles avec le nouveau matériel choisi. Passer à un écran « surdimensionné » ou à un écran « double » va nécessiter que les paramétrages des différentes applications utilisées sur ces écrans puissent amener à un affichage correcte des éléments désirés. Un exemple pratique: dans le cas d’une gestion électronique de document, permettre l’affichage de document en « portrait » peut être pertinent dans une optique de comparaison des deux documents. Dans une intervention menée actuellement, ce paramétrage s’est révélé initialement impossible, les documents ne pouvant s’afficher que “dans la largeur”, en mode “paysage”. Les tests utilisateurs étaient donc forcément tronqués (l’utilisateur ne pouvant pas réaliser l’ensemble des actions pertinentes demandées, comme afficher deux documents de façon à en permettre une lecture aisée), et décevants. Même chose pour le test sur écran dédoublé: l’application de visualisation de documents refusait obstinément de passer d’un écran à l’autre en fonction des besoins.

Pour une liste un peu plus concise d’éléments à prendre en compte (cette liste étant bien sûr évolutive):

La configuration à 2 écrans

Dans les points positifs

– permet de jouer avec une configuration en mode portrait et l’autre en mode paysage si le matériel est bien choisi (transition aisée d’une configuration à l’autre);

– permet une meilleure séparation/contextualisation de l’information: (je consulte sur l’écran A et je renseigne un formulaire sur l’écran B, ou encore : Documentation sur A, Espace de travail sur B, Espace de test sur C) Vu le prix des écrans, il est parfois même souhaitable de penser à 3 écrans, en fonction des caractéristiques des métiers et activités concernés.

– Il est donc nécessaire de s’assurer de l’utilisation de configurations d’écrans homogènes. Si 2 modèles différents sont achetés, on risque des problèmes de colorimétrie ou de résolution. Dans tous les cas, il faudrait que les écrans soient accordés en termes de colorimétrie par exemple. Dans la même idée, on peut du coup faire des réglages écran (contraste et luminosité par exemple) différents, en fonction des applications utilisées ou du type de document affiché sur un écran ou sur un autre, afin de favoriser le confort visuel de l’utilisateur.

– favorise le travail collaboratif, car il sera possible de tourner un des écrans pour un petit powerpoint improvisé ou pour montrer quelque chose au collègue d’en face (si le pivot est bien conçu, évidemment).

Dans les points négatifs

– ne permet en général pas un chevauchements de fenêtres, ce qui peut constituer une forte gêne ; peut poser souci pour la navigation “à la souris” entre les deux écrans (difficulté de repérage de la souris, souris qui « décroche » d’un écran à l’autre…);

– peut amener aussi des contraintes cervicales majorées, en fonction de la surface totale du champ à couvrir d’un point de vue visuel; dans le même ordre d’idée, la question du positionnement des périphériques peut se poser, notamment pour la place du clavier et de la souris en fonction des applications utilisées. Ceci amène aussi une réflexion sur le poste de travail en tant que tel, son assise… pour une utilisation optimale des deux écrans.

– du point de vue visuel, l’absence de continuité entre les deux écrans (bordure plastique de la dalle) peut également se révéler gênante pour certains utilisateurs.

– enfin, peut porter à confusion si en plus on utilise des bureaux virtuels.

La configuration avec utilisation d’ 1 écran “surdimensionné”

Dans les points positifs

– intéresse les services achat et logistique, car c’est théoriquement plus facile à gérer (et entretenir…); permet une meilleure continuité car il n’y a pas les cadres ou la distance que tu trouves entre les configurations avec 2 moniteurs ;

– dans le cas de grands écrans, certains permettent d’afficher 2 feuilles A4 quelque soit l’orientation et laisse de plus un peu d’espace pour du menu ou des palettes/fenêtres flottantes ;

– Intéressant en cas d’utilisation de logiciels qui fonctionnent avec des dialogues flottants ou non modaux (dans le cas d’une boîte de dialogue, la fenêtre parente est toujours accessible, même lorsque la boite de dialogue est ouverte), permettant ainsi une disposition des différentes fenêtres ouvertes “à la guise” de l’utilisateur sur l’ensemble de l’écran.

Dans les points négatifs

– peut poser un gros souci dans le cas de très grands écrans pour l’implantation des bureaux de façon à conserver une bonne distante œil/tâche,

– la question de l’adéquation de la résolution de l’écran avec les différentes applications qui y sont utilisées est alors un élément à étudier finement (caractères « baveux »).

– pour les personnes portant des verres progressifs: il devient alors très difficile de permettre à l’utilisateur de disposer de l’ensemble des informations pertinentes « dans le cadran inférieur des lunettes ».

– Ceci pose alors une vraie question pour la conception des postes de travail devant accueillir ce matériel, au vu de la population potentiellement utilisatrice, et notamment une moyenne d’âge augmentant “naturellement”, et une augmentation des utilisateurs porteur d’une correction visuelle. Dans une intervention récente, un service comptait environ 20% de personnes présentant une correction visuelle, et parmi elles, 7 portaient des verres progressifs.

– Plus l’écran est grand, plus la surface de déplacement de la souris est importante: l’utilisateur peut alors la perdre par une accélération réflexe du maniement de la souris. Il en résulte perte de temps et agacement, mais aussi (en fonction notamment des réglages de la sensibilité de la souris, et de l’habituation de l’utilisateur) des contraintes supplémentaires sur le poignet, voire le membre supérieur dans son ensemble.

– Dans un même ordre d’idée, il est nécessaire de parcourir une plus grande distance avec la souris pour retrouver les icônes, les fenêtres et les menus qui « entourent » l’écran.

– L’apparition « désordonnée » (dans l’idée de « là où on ne l’attend pas ») des fenêtres sur l’écran large peut aussi amener perte de temps et déconcentration.

– La nature ayant horreur du vide, un écran plus grand peut amener à une ouverture simultanée d’un plus grand nombre de fenêtres, ceci complexifiant ensuite l’activité. Il est alors nécessaire de revoir ses habitudes de travail pour ne pas se « noyer » sur les fenêtres.

Je remets ci dessous également les liens vers divers articles qu’une ergonome intéressée par la question avait eu la gentillesse de me communiquer (en anglais).

 

Céline Uguen
Indigo Ergonomie

Un commentaire

  • Thierry B. dit :

    Effectivement avec de tels dispositifs, il est indispensable de combiner une approche ergonomique de l’interface et du poste de travail. D’une part, pour organiser les informations et les rendre accessibles facilement selon les tâches de l’utilisateur, et d’autre part, réduire les problèmes de fatigue visuelle et musculaire.
    La manipulation de la souris me pose question tout de même avec des écrans aussi étendus. Quels moyens apporter aux utilisateurs pour les aider à retrouver leur souris? Est-ce que les propriétés de la souris telles que “Déplacer automatiquement le pointeur sur le bouton dans la boîte de dialogue” ou surtout “Afficher l’emplacement du pointeur lorsque j’appuie sur la touche CTRL” peuvent suffire?

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