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Qu’est-ce que le design d’interaction (IxD) ?

31/08/2021
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Qu’est-ce que le design d’interaction (IxD) ?

Illustration Interaction Designer by Tubik sur Dribble

Le design d’interaction est une discipline axée sur le dialogue entre les utilisateurs et tout dispositif interactif : systèmes, produits ou services. Le designer d’interaction travaille sur les comportements des objets numériques pendant l’échange avec l’utilisateur et l’environnement. L’objectif est d’optimiser l’interaction pour améliorer l’esthétique, l’attrait et l’utilisabilité de l’interface ou du produit. Dans ses applications et sa définition, le design d’interaction (IxD) s’ancre dans la multidisciplinarité.

Design d’interaction / Interaction Design

Le design d’interactionInteraction Design en anglais – s’intéresse aux relations entre l’utilisateur et tout objet à la fois interactif et numérique. Les designers d’interactions sont des concepteurs de produits sous diverses formes et différents supports. Leur but commun est la satisfaction de l’utilisateur via la création d’une interaction de qualité. Pour y parvenir, le concepteur s’intéresse aux besoins des utilisateurs, et travaille avec une équipe interdisciplinaire.

Bill Verplank, co-inventeur du terme et oncle du concept en donne sa définition avec un sketch :

Mais la définition du design d’interaction qui fait référence, actuellement, est celle de l’IxDA (The Interaction Design Association) :

« Le design d’interaction, IxD, définit la structure et le comportement des systèmes interactifs. Les designers d’interaction s’efforcent de créer des relations signifiantes entre les personnes et les produits et services qu’ils utilisent, depuis les ordinateurs jusqu’aux appareils mobiles, en passant par les appareils du quotidien et au-delà. Nos pratiques évoluent avec le monde. »

Il existe beaucoup d’autres définitions :

  • « Le design d’interaction est l’art de faciliter les interactions entre humains grâce à des produits et des services. » (Dan Saffer)
  • « L’IxD est une discipline qui se concentre sur la définition de la forme et du comportement des produits interactifs, des services et des systèmes. » (Kim Godwin)
  • « [Le design d’interaction est] la pratique de la conception interactive des produits numériques, des environnements, des systèmes et des services. (…) Le design d’interaction se concentre sur quelque chose que le design traditionnel explore rarement : le design de comportement. » (Alan Cooper)
  • « De la même manière que les designers industriels ont façonné notre vie quotidienne à travers les objets qu’ils ont conçus pour nos bureaux et nos foyers, le design d’interaction façonne notre vie avec les technologies interactives (…) Si je devais résumer le design d’interaction en une phrase, je dirais qu’il s’agit de façonner notre vie quotidienne par le biais d’artefacts digitaux – pour le travail, les loisirs et le divertissement ». (Gillian Crampton Smith).

Ces définitions ne traduisent pas la complexité d’une discipline au cœur d’une multitude de pratiques et de champs interdisciplinaires.

Interaction design Sharp Rogers Preece

Source : Sharp, Rogers, Y., Preece, J. J., Interaction Design: Beyond Human-Computer Interaction, John Wiley and Sons, 2011

Le créateur du concept d’Interaction Design est Bill Moggridge, designer du premier ordinateur portable (GRiD Compass) et cofondateur d’IDEO.

L’évolution de l’IxD est d’ailleurs directement liée à celle des interfaces.

Historique de l’Interaction Design (IxD)

Retraçons rapidement l’histoire de l’Interaction Design, devenu l’une des composantes essentielles de l’expérience utilisateur (UX) :

  • 1984 : au cours d’une conférence, Bill Moggridge utilise le terme « soft-face », mix de « software » (logiciel) et « user interface design » (conception d’interface utilisateur), l’UI se référant alors au design industriel. L’idée était de créer « l’équivalent du design industriel » mais de l’appliquer aux logiciels.
  • Milieu des années 80 : Bill Verplank, designer et chercheur, suggère à Moggridge de choisir plutôt « Interaction Design » pour insister sur l’interaction avec l’utilisateur. L’utilisation du mot reste toutefois marginale jusqu’aux années 1990.
  • 1990 : Développement du « user centered design » ou conception centrée utilisateur, et du « human centered design » (centré sur l’humain). C’est aussi durant cette période que Donald Norman, architecte de l’information, mentionne l’expérience utilisateur (user experience) pour la première fois. Cette période correspond aussi à la rencontre entre design et ergonomie web, sciences cognitives, psychologie, etc.
  • 1994 : l’Université Carnegie Mellon crée le premier « Master of Design in Interaction Design », s’intéressant d’abord à la conception d’interfaces, puis à l’interaction dans sa globalité (entre personnes, organisations, services, etc.)
  • 2001 : Gillian Crampton Smith fonde l’Interaction Design Institute Ivrea et renomme son programme d’enseignement au Royal College of Art de Londres (alors intitulé « Computer-related Design » / design relatif à l’informatique) en Design Interactions. Elle annonce aussi que les produits et services numériques doivent favoriser : l’utilisabilité (usability), l’utilité, la satisfaction, le sens et la sociabilité.
  • Entre 2000 et 2010 : de nombreux instituts, associations, cursus universitaires ou formations en écoles de design enseignent et popularisent le design d’interaction, en France et dans le monde. Plusieurs ouvrages et recherches paraissent sur le sujet.
  • Des années 2000 à nos jours: l’IxD reste associé aux produits digitaux, mais les designers d’interaction participent aussi au design de service (Service Design), et intègrent des méthodes de communication telles que le storytelling. L’interaction ne concerne plus seulement un utilisateur vis-à-vis d’un produit.

Historiquement, les premières interfaces homme-machine (IHM) devaient avant tout être fonctionnelles. L’aspect technique primait. Progressivement, les dimensions émotionnelle, esthétique et éthique ont pris plus d’importance dans toutes les sphères du design.

En France, Jean-Louis Fréchin, designer et architecte, propose d’employer plutôt « design numérique ». Grégoire Cliquet, enseignant UX & Interaction Design à l’école de design de Nantes, lui préfère le terme de « design d’interactivité ». Benoît Drouillat, président de l’organisation professionnelle « Designers Interactifs », considère que les « métiers du design interactif » sont :

  • UX Designers
  • Designers d’interfaces (UI Designers)
  • Designer d’interactions
  • Designer de services

La multiplication des termes entraîne une confusion quant aux tâches du designer d’interactions. En prime, tous ces designers appliquent un processus de conception centré utilisateur. Dans cette interview réalisée le 19 mai 2020, Benoît Drouillat s’interroge d’ailleurs sur l’intérêt de segmenter autant les compétences.

Qu’est-ce qu’un designer d’interaction ?

Le designer d’interaction participe à la conception d’applications mobiles, d’objets connectés, de dispositifs multimédias, d’environnements graphiques et sonores, etc. Il doit avoir des compétences techniques et analytiques, et des qualités humaines (curiosité, empathie, sens du contact…).

Il travaille dans toutes sortes d’agences, de start-up ou d’entreprises, puisqu’il intervient dans de nombreux secteurs d’activités :

  • Le secteur médical
  • Les loisirs
  • L’énergie
  • La culture
  • L’éducation
  • Les transports

Etc. Ses missions sont variées et comprennent les tâches suivantes :

  • Recueil et des besoins des utilisateurs et clients, exploitation des données de la recherche utilisateur pour déployer une stratégie d’interactions
  • Analyse du parcours utilisateur, formalisation de scénarios d’usage, modélisation des interactions
  • Réalisation de maquettes et prototypes
  • Description des cas d’utilisation pour l’architecture de l’information
  • Analyse de la faisabilité technique des solutions avec les développeurs
  • Surveillance de l’évolution du site ou de l’application mobile pour faciliter l’interaction si nécessaire

Les designers d’interaction utilisent des méthodologies du design centré utilisateur, itératives, et contribuent à l’ergonomie du site. Leur rôle est essentiel pour la qualité de l’expérience utilisateur. Il y a donc une fréquente confusion entre les métiers d’IxD, d’UX et d’UI Designers… Tous sont effectivement interreliés.

Schéma métiers UXSource : Dan Saffer, Designing for Interaction, 2e éd., 2009.

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Quelles sont les différences entre IxD, UX et UI ?

Gillian Crampton Smith, pionnière de l’Interaction Design, a introduit le concept d’un « langage » du design d’interaction en 4 dimensions. Kevin Silver, senior interaction designer, a ajouté une 5e dimension. Ces principes éclairent les spécificités de l’IxD :

  • Les mots: les textes des boutons, labels (étiquettes) doivent être simples, transmettre des informations claires.
  • Les représentations visuelles : images, icônes, tout ce qui, avec les éléments textuels, relève de la communication visuelle, attirent l’attention de l’utilisateur et lui permettent d’interagir de manière intuitive.
  • Les objets physiques ou l’espacement: la souris pour l’ordinateur, le doigt pour l’interface tactile, etc. L’espacement dépend du contexte et du support utilisé. Il s’agit d’en tenir compte pour faire les meilleurs choix (site responsive sur tablettes, smartphones, etc.).
  • Le temps: impacte la navigation et l’interaction : utilisation du mouvement et du son, possibilité d’interrompre une tâche et de la reprendre ultérieurement…
  • Le comportement: prise en compte des actions et réactions – comportement de l’utilisateur du site ou de l’application, réactions émotionnelles, retours, commentaires – pour rendre l’utilisation plus interactive.

Ditte Hvas Mortensen (Interaction Design Foundation) explique ces « basiques du design d’interaction » avec des exemples :

Tout cela contribue à une bonne expérience utilisateur. Cependant, l’IxD designer est d’abord un spécialiste de l’interaction, dans toutes ses dimensions : numérique, physique et mécanique. L’UX designer s’attache à l’expérience globale, au ressenti utilisateur, conduit des tests utilisateurs, etc.

L’UI designer, enfin, est chargé du design d’interface utilisateur, et se concentre donc davantage sur le graphisme.

Tous sont des professionnels du design et ont en commun de mettre l’utilisateur au centre de la conception. Dans l’idéal, les équipes devraient être constituées de différents spécialistes qui apportent chacun leurs expertises. En pratique, beaucoup de designers endossent les rôles UX/UI ou UX/IxD.

Quelles sont les règles d’un bon Design d’interaction ?

Jakob Nielsen a énoncé 10 principes, ou heuristiques, pour rendre l’interface utilisateur interactive :

  1. Visibilité de l’état du système : les actions des utilisateurs provoquent une réaction dans un délai raisonnable.
  2. Correspondance entre le système et le monde réel : phrases et concepts familiers, ordre logique des informations…
  3. Contrôle et liberté de l’utilisateur : pouvoir annuler une action involontaire ou la refaire, avoir une sortie de secours
  4. Cohérence et normes : suivre les conventions sur toutes les pages du site par exemple pour que l’ensemble soit clair et cohérent
  5. Prévention des erreurs : dès la conception d’une interface, il faut penser aux potentielles erreurs pour les empêcher de se produire ou permettre à l’utilisateur de les éviter
  6. Reconnaissance plutôt que rappel : rendre visibles et accessibles les objets, options, etc. pour aider l’utilisateur à les mémoriser facilement.
  7. Flexibilité et efficacité d’utilisation : l’interaction est possible pour l’utilisateur, qu’il soit novice ou expert en termes de maturité digitale
  8. Esthétique et design minimaliste : seules figurent les informations pertinentes
  9. Permettre aux utilisateurs de reconnaître, diagnostiquer et corriger leurs erreurs : faire apparaît un message d’erreur simple avec le problème et la solution
  10. Aide et documentation : l’idéal est d’avoir un système suffisamment intuitif pour être utilisé sans documentation, mais proposer cette aide peut s’avérer nécessaire

  1. Schneiderman, C. Plaisant, M. Cohen, S. Jacobs et N. Elmqvist, proposent « 8 règles d’or », certaines similaires :
  1. Viser la cohérence
  2. Rechercher une utilisation universelle (novices et experts)
  3. Offrir un retour d’information pour chacune des actions de l’utilisateur
  4. Concevoir des dialogues : organiser les séquences d’actions avec un début et une fin, par exemple la page de confirmation de l’achat sur un e-commerce
  5. Prévenir les erreurs
  6. Permettre une réversibilité des actions, la possibilité d’annuler une erreur
  7. Donner aux utilisateurs le sentiment d’avoir le contrôle sur l’interface
  8. Réduire la charge de la mémoire à court terme, faciliter le traitement de l’information

Ces règles et principes doivent être adaptés et testés en fonction des attentes des utilisateurs et de leur environnement.

Exemple de Design d’interaction

https://giapercheno.tumblr.com/post/613865090444410880

Source : Sammelsurium

Exemple design interaction - crnt favorites
Source : CRNT Favorites

Design interaction - Handsome Site Team PageSource : Handsome Site Team Page

Conclusion

En tant que discipline, le design d’interaction a depuis son origine vocation à créer des animations, sons et formes dans un environnement virtuel. Le but est de produire l’équivalent du design industriel, mais avec des softwares à la place des objets tridimensionnels. A partir des années 1980, le design d’interaction applique une démarche résolument centrée utilisateur. La création d’interactions repose sur les préférences et les besoins des utilisateurs en situation. Même si leur champ d’intervention s’est élargi, les designers d’interaction travaillent toujours sur les dialogues entre humains et machines. Ils participent à part entière à la conception de services et produits numériques interactifs, améliorant significativement l’expérience utilisateur ou l’expérience client.

Bibliographie et sources

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